Médecins sans frontières (MSF)-Suisse a décidé de se retirer de deux projets vitaux de santé primaire au Liban qui profitaient à des milliers de réfugiés syriens et de libanais dans les régions défavorisées de l’Akkar (nord) et de la plaine de la Bekaa (est). En raison de l’augmentation des crises à Gaza, au Soudan, en Ukraine, etc., le budget de MSF-Suisse se rétrécit. « Bien que les besoins subsistent, notre principale mission est de fournir une réponse d’urgence et non de contribuer au développement. Après dix-sept ans au Liban, il est nécessaire d’évaluer notre impact, d’arrêter ou d’améliorer notre efficacité », explique Maurizio Campailla, le responsable de la mission libanaise de MSF-Suisse.
Toutefois, MSF-Suisse n’est pas la seule à reconsidérer son aide au Liban. Les organisations non-gouvernementales, les agences des Nations Unies et les donateurs étrangers réévaluent tous leur soutien au pays. Ceci est dû à une fatigue des donateurs alors que la crise économique déclenchée en 2019 perdure sans signe d’amélioration. Le pays est maintenu sous assistance humanitaire depuis l’arrivée des réfugiés syriens à partir de 2011, et l’aide continue suite à l’effondrement financier de 2019 et à l’explosion du port de Beyrouth en 2020. Cette situation est perçue comme une impasse.
Alors que l’on compte sur un passage d’une phase à une autre, celle qui inclut le développement axé sur le soutien des institutions publiques, le processus reste à l’arrêt. La mise en œuvre de réformes substantielles est un prérequis fixé par la communauté internationale pour un tel déplacement, un aspect auquel la classe politique libanaise est réticente. À cette fin, l’accord initial signé avec le Fonds monétaire international en avril 2022, qui pourrait accorder au pays une aide de 3 milliards de dollars (ou 2,8 milliards d’euros), reste en attente d’être finalisé.
Cependant, l’urgence des besoins ne fait qu’augmenter. Selon un rapport publié par la Banque mondiale en mai, le taux de pauvreté a triplé depuis 2012, atteignant 44% de la population en 2022 – incluant les Libanais et les Syriens. Toute cette situation se déroule dans une région à la tension palpable où les conflits entre le Hezbollah et Israël dans le sud pourraient déclencher une guerre à grande échelle. Vincent Gelot, représentant de l’ONG chrétienne L’Œuvre d’Orient au Liban, souligne que le pays subsiste grâce à l’aide des Libanais de la diaspora, ainsi que des ONG internationales et des associations religieuses. « Les institutions sont comme des coquilles vides, l’État ne joue plus son rôle, » dit-il.
Quant à la dernière ligne, « Chacun fait son introspection » est assez spécifique et pourrait se traduire par « Tout le monde se remet en question ».
En 2024, on constate une baisse marquée des dons internationaux. Fin 2023, les engagements financiers rapportés à l’ONU par les donateurs étrangers se chiffraient pratiquement à 680 millions de dollars, comparés au 1,35 milliard de dollars octroyés en 2023. Un apport additionnel d’un milliard d’euros sur une période de quatre ans a été révélé en mai par l’Union européenne (UE). Même si l’UE prévoit de conserver sa contribution au même niveau, ce n’est pas le cas pour les États-Unis, le Canada, la Suisse, les nations scandinaves et, à un degré moindre, la France et l’Allemagne.
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