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« Le gouvernement allemand interdit ‘Compact' »

Depuis le début février, l’acquisition de ce produit est devenue plus complexe après son retrait de deux importants kiosques de journaux. Il est maintenant inutile de le chercher. Le gouvernement allemand a prononcé l’interdiction du magazine d’extrême droite Compact, qu’il accuse d’inciter à la haine contre les Juifs, les migrants et la démocratie parlementaire, le mardi 16 juillet.

Lancé en 2010 avec une circulation de 40 000 exemplaires, Compact avait des objectifs très précis. « Nous aspirons à renverser le régime », a déclaré en juin 2023 son fondateur Jürgen Elsässer, un polemiste qui a commencé sa carrière dans la presse d’extrême gauche avant de passer à l’autre extrémité du spectre politique.

Au long de ses quatorze ans de vie, Compact a embrassé toutes les luttes de l’extrême droite allemande en plein essor, le soutien au mouvement islamophobe Pegida, la lutte contre la « dictature vaccinale » pendant la pandémie de Covid-19, la dénonciation des « envahisseurs africains », des « fanatiques du climat » et des « vampires financiers », tout en donnant une large part aux thèses conspirationnistes. En 2019, ils avaient dédié une couverture aux trois figures qui représentaient, selon eux, « l’espoir de l’Europe » : le leader de la Ligue italienne, Matteo Salvini, alors présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, et le premier ministre hongrois, Viktor Orban. Le journal avait une ligne pro-russe.

Compact, avec sa stance fortement pro-russe, a récemment décrit le ministre allemand de la défense, Boris Pistorius, comme un « criminel de guerre » en raison de son appui à la résistance ukrainienne. Récemment, quelque 345 000 abonnés de la chaîne YouTube du magazine ont eu l’opportunité d’écouter une interview de deux heures avec Maria Zakharova, représentante du ministère russe des affaires étrangères, menée par Hansjörg Müller, un ancien parlementaire de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), un parti d’extrême droite.

Suite à l’annonce de cette interdiction, l’AfD a vivement réagi mardi, qualifiant cette mesure d' »atteinte grave à la liberté de la presse ». Alice Weidel et Tino Chrupalla, les co-présidents du parti, l’ont déploré, en notant que leur parti avait récolté 15,9 % des voix lors des élections européennes du 9 juin et avait une bonne chance d’être le plus voté lors des prochaines élections régionales prévues en septembre dans trois États de l’Est. Il convient de noter que ce genre de mesure est rare en Allemagne ; en deux décennies, seulement trois éditeurs de journaux ont dû mettre fin à leurs activités sur ordre des autorités.

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