L’association Salam, un accronyme pour Supportons, aidons, luttons, agissons pour les migrants et les pays en difficulté, a partagé dans un récit chargé d’émotion son travail continuel de dénonciation et d’information. Cette déclaration a été faite suite aux récents démantèlements de campements de migrants à Calais le 12 juillet. Ils documentent tous les jours par courriel, le nombre de tentes que la police saisit sur la côte nord de la France et le nombre de personnes déplacées.
Plus tôt ce jour-là, l’association a eu la triste tâche d’annoncer le décès de son président, Jean-Claude Lenoir, un militant passionné pour les droits des migrants. Agé de 72 ans, il a succombé à un malaise pendant qu’il conduisait une camionnette pour l’association, le 11 juillet. Son véhicule a fini sa course dans un canal à Calais. Comme l’a déclaré Claire Millot, secrétaire générale de Salam, « Jean-Claude a chuté dans l’eau avec sa camionnette et s’est noyé. Probablemente à cause d’un malaise cardiaque. Il est encore trop tôt pour exprimer autre chose que notre chagrin ».
Un hommage a été rendu le 12 juillet, près du lieu de l’accident. Les activistes ont lié cet événement au mémorial rendu aux quatre personnes qui se sont noyées la nuit précédente en tentant de rejoindre le Royaume-Uni sur un radeau de fortune, au large de Boulogne-sur-Mer.
Jean-Claude Lenoir était l’un des pionniers de Salam, une organisation réputée pour organiser des distributions d’aliments dans les camps de Calais et de Grande-Synthe (Nord). Aujourd’hui, cette organisation compte environ 300 membres.
« C’était à l’origine un groupe de citoyens qui refusaient de laisser les gens à la rue. Pendant l’ère du camp de Sangatte [Pas-de-Calais], Jean-Claude préparait du riz sur un trépied à gaz dans son garage », se rappelle Claire Millot.
Humanité et solidarité
En 2004, M. Lenoir a été sanctionné par le tribunal de Boulogne-sur-Mer pour avoir abrité des migrants chez lui après la clôture du camp de Sangatte, fin 2002. Cependant, il a été exempté de la peine, le tribunal ayant jugé que lui et un autre militant avaient défendu une cause humanitaire. « Dès demain, nous serons sur le terrain à temps plein et nous continuerons à le faire malgré le regard de tous », avait déclaré M. Lenoir à l’époque.
Bien qu’il ne soit plus aussi impliqué dans les camps ces dernières années, Jean-Claude Lenoir avait pour habitude de partager fréquemment ses « coups de colère » par email avec tous les membres de l’association. Dans le contexte de l’émergence du Rassemblement national lors des élections européennes du 9 juin, il avait récemment écrit : « Hypocrisie, nous n’avons cessé d’avertir! Harceler jour et nuit, détruire le moindre abri, contrôler par l’apparence. En réalité, semer les graines de l’intolérance envers les autres, entretenir cette triste culture. Hypocrisie, feindre de la surprise aujourd’hui, jouer les indignés. Nous n’avons pas arrêté d’avertir ! Nous revendiquerons toujours, notre République est solidaire ! »
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