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17 juillet 2024 20 h 12 min

« Alzheimer: L’entreprise face au salarié dégradé »

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Cette ingénieure fait face à des défis lorsqu’elle doit prendre des notes et absorber les données partagées lors des réunions. De même, il arrive que ce professeur se sente « perdu » au milieu de sa classe, ne sachant plus quoi dire, ayant perdu le fil de son cours. En particulier, ce travailleur ressent de la confusion en errant dans les allées de son entreprise, incapable de se souvenir de la raison pour laquelle il a quitté son bureau un peu plus tôt.
Toutes ces situations vécues dans le monde du travail ont un point commun : la maladie d’Alzheimer. Si cette maladie affecte principalement les personnes à la retraite, plusieurs dizaines de milliers de cas en France concernent les personnes de moins de 65 ans. Ces personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer à un jeune âge, dont beaucoup ignorent leur condition à cause d’un manque de diagnostic, sont confrontées à une détérioration progressive de leurs capacités cognitives au travail, ce qui cause beaucoup de souffrances.
« Chaque patient Alzheimer est unique », disent généralement les spécialistes. À cet égard, la maladie se manifeste de plusieurs façons dans la vie quotidienne des personnes affectées. « Les problèmes de mémoire sont certes courants » dit Adeline Rollin, responsable du Centre national de référence pour les malades jeunes Alzheimer à Lille. Elle ajoute: « Il est difficile pour les patients de créer de nouveaux souvenirs. Mais chez les jeunes, on rencontre aussi des formes atypiques : troubles du langage, de la gestuelle, difficultés à voir, par exemple à se situer dans l’espace. Les fonctions exécutives peuvent aussi être affectées, avec des problèmes d’organisation et de planification. »
Cela crée des sources de tension.

La complexité accrue du travail quotidien due à divers symptômes peut éventuellement mener à un échec dans l’exécution de certaines tâches, comme l’observe Benoît Durand, directeur adjoint de l’association France Alzheimer. L’inaction pourrait même exposer les malades et leurs camarades à des risques. Par exemple, l’un de ses patients, impliqué dans une procédure de sécurité interne, a compromis le processus suite à un oubli. La situation devenant dangereuse, ses obligations ont dû être réassignées.

Les salariés, face à une difficulté grandissante à remplir leurs fonctions, peuvent se sentir comme des échecs, souvent accompagnée d’une perte de confiance en soi et d’une incompréhension. Le diagnostic pour la plupart n’apparaît que plusieurs années après l’apparition de la maladie, ce qui fait que les patients voient leur compétences diminuer sans comprendre pourquoi. Mme Rollin note que « Les patients que nous voyons ont généralement d’abord été considérés comme dépressifs ou épuisés psychologiquement ».

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