Aïdos Sadykov, un journaliste kazakh de l’opposition, a été atteint par un tir en pleine tête en conduisant sa voiture en plein centre de Kiev, le 18 juin. Sa femme, Natalia, qui était à son côté a été témoin d’un homme habillé de noir avec une casquette, des lunettes ainsi qu’une barbe portant un pistolet muni d’un silencieux. Elle a essayé d’alerter son mari, mais il fut trop tard, la balle avait déjà transpercé la vitre côté conducteur et l’avait atteint. Malgré des soins intensifs de treize jours, cet père de trois, âgé de 55 ans a succombé à ses blessures le 2 juillet.
Deux suspects, des citoyens kazakhs, Meïram Karataïev, 33 ans, et Altaï Jakanbaïev, 36 ans, ont été rapidement identifiés par les enquêteurs ukrainiens. Ils sont arrivés à Kiev le 2 juin, ont loué deux appartements pour observer Sadykov avant de l’assassiner à la demande d’une « personne non identifiée », selon le procureur ukrainien. Les suspects se sont ensuite échappés en direction de la Moldavie.
D’après un rapport provenant de journalistes kazakhs, les liens des suspects avec les services secrets du Kazakhstan ont alimenté l’idée d’un assassinat orchestré depuis le sommet du gouvernement. D’après le média indépendant Respublika, le premier suspect, Meïram Karataïev, a initialement servi comme agent de police locale et par la suite dans les forces spéciales dans la région de Kostanaï, avant de continuer son service à Almaty. Un autre suspect, Altaï Jakanbaïev, aurait des liens avec le Comité de sécurité nationale, le service de sécurité le plus important du pays, comme présenté par les journalistes de Radio Azattyk, la branche kazakhe de la société de diffusion américaine, Radio Free Europe. Après avoir été en Moldavie, ce dernier est retourné au Kazakhstan où il s’est rendu à la police le 21 juin, alors que Karataïev, qui reste en fuite, figure sur la liste des personnes recherchées par l’Ukraine.
Astana a démenti toute participation et nie tout lien entre les assaillants et les services de sécurité nationaux. Le président kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev, s’est exprimé le lendemain de l’assassinat, assurant que les institutions officielles du Kazakhstan sont prêtes à participer à l’enquête pour aider à découvrir la vérité. Cependant, il n’est pas certain que les deux suspects soient un jour jugés. Bien que les autorités ukrainiennes soient prêtes à les inculper, Astana ne souhaite pas extrader celui qui s’est rendu, Altaï Jakanbaïev. Le président du Sénat a indiqué que son extradition vers l’Ukraine était impossible, car « la loi nationale ne le permet généralement pas ».
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