Nul ne peut prédire qui occupera le poste de ministre de l’éducation nationale à la prochaine rentrée scolaire, compte tenu de l’incertitude politique actuelle. L’instabilité est devenue monnaie courante dans le système éducatif, avec quatre changements de ministre Rue de Grenelle de l’été 2023 à l’été 2024. Cela équivaut au nombre de ministres qui se sont succédé entre 2012 et 2022, période au cours de laquelle Jean-Michel Blanquer a établi le record de longévité pendant le premier mandat d’Emmanuel Macron.
Le début du deuxième mandat a été marqué par l’instabilité, avec une série de ministres ne durant que quelques semaines à quelques mois à l’hôtel de Rochechouart. Pour ceux qui travaillent dans le système éducatif, cela expose un problème majeur : il n’y a pas de direction claire, faisant de cette année scolaire une période particulièrement difficile pour la communauté éducative. « La politique éducative a perdu son cap, » déclare Catherine Nave-Bekhti, responsable de CFDT-Education, formation, recherche publiques.
Pap Ndiaye, après quatorze mois en tant que ministre de l’éducation nationale, a dû laisser sa place le 20 juillet 2023, suite à son manque de visibilité et les attaques constantes de la droite et de l’extrême droite. Alors qu’il quitte le ministère, l’historien évoque sa défaite. Il souligne le défi qu’il a eu à endosser le rôle de ministre et exprime son souhait que le système éducatif reste à l’écart des jeux politiques actuels, qui lui sont probablement un peu étrangers, avec une émotion palpable dans sa voix.
Ayant cherché à apporter son empreinte dans le domaine de la mixité sociale, son projet, malheureusement dilué, représente désormais l’image d’un ministre entravé, pris en étau entre un président de la République omnipotent et des députés de l’aile conservatrice de la majorité qui n’ont fait que freiner son initiative. « Ce qui m’étonne, c’est le rôle prédominant des réseaux sociaux qui dictent la politique, admet-il au journal Le Monde. Les bureaux des ministres sont en constante veille de certains tweets pour réagir, alors qu’en matière d’éducation, aucune solution ne peut être obtenue en quelques heures ou par le biais de proclamations fracassantes. »
Domaine privé
Peu d’heures avant la réorganisation du gouvernement, la première ministre, Elisabeth Borne, lui explique en quelques phrases les motifs de son renvoi : « Nous avons besoin d’un enforcer. » Et cet enforcer sera Gabriel Attal. Considéré comme une « étoile en ascension de la Macronie », le ministre délégué aux comptes publics est réputé pour ses compétences en communication. Il adopte sans sourciller le nouveau « centre de gravité conservateur de la majorité », selon les mots d’un ancien ministre, avec des députés plus à droite après les élections législatives de 2022 qu’en 2017.
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