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15 juillet 2024 1 h 06 min

« Procès requis pour 27 personnes »

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L’affaire Email Diamant, une enquête judiciaire rare qui donne une vue d’ensemble sur le contrôle d’une société entière exercé par un gang criminel, implique le gang corse du Petit Bar et concerne un vaste réseau de blanchiment d’argent à l’échelle internationale. Comme révélé par Le Nouvel Obs, à la suite de cinq ans d’enquête, le parquet de Marseille a demandé le 1er juillet le renvoi de vingt-sept individus en raison de transactions financières suspectes. Il cherche à dévoiler l’influence mafieuse du Petit Bar en Corse-du-Sud.

Habituellement, la justice est réticente à l’idée qu’une entité puisse défier l’autorité de l’Etat. Néanmoins, dans ce cas, elle illustre comment ce gang a infiltré les sphères économique, politique et judiciaire.

L’enquête a commencé par hasard. En 2018, lors des investigations sur la tentative d’assassinat de Guy Orsoni, un membre important de la mafia d’Ajaccio, les enquêteurs ont été intrigué par des sons captés par des micros espions installés chez son rival à Paris, le chef de Petit Bar, Jacques Santoni. Ces enregistrements révélaient le maniement de gros montants d’argent. De 2017 à 2020, le comptage des billets a montré des flux financiers d’environ 2 millions d’euros, selon le parquet de Marseille.

Le 12 avril 2019, une enquête judiciaire a commencé, mettant en lumière l’évolution et l’importance d’une bande d’Ajaccio qui s’est formée dans les années 2000. Celle-ci porte le nom d’un bar, proche de la préfecture, qu’ils ont transformé en leur quartier général. Selon la police, cette bande n’est pas née par hasard. Elle s’est fait une place à travers extorsion, trafic de drogues et éliminations. De plus, ils sont les successeurs du précédent boss Corse-du-Sud, Jean-Jérôme Colonna, surnommé « Jean-Jé », décédé en 2006.

Dans ce groupe, on retrouve des individus comme Jacques Santoni – devenu tétraplégique suite à un accident de moto fin 2003 – que ses proches appellent « le parrain ». D’autres membres incluent Mickaël Ettori surnommé « Canapé » à cause du temps qu’il passe devant la télé, Pascal Porri surnommé « l’Ampoule » en raison de la forme de son visage, André Bacchiolelli surnommé « Dédé » ou « Tête tordue » pour des raisons physiques, et enfin Stéphane Raybier, un homme discret qui s’est suicidé en prison au début de 2021.

Pour les procureurs, ce groupe « correspondait à la définition d’une influence mafieuse, l’existence d’un lien d’association entre ses membres (…) et l’intersection du banditisme économique et politique dans le but d’obtenir des bénéfices ». Les membres contre-attaquent en disant que ce ne sont que « des rumeurs de journalistes ». Cependant, le 3 mars 2019, pendant qu’ils regardent un documentaire sur le parrain mafieux sicilien Toto Riina, Mickaël Ettori et Pascal Porri ont apparemment comparé leur système à celui de Riina. « Les deux hommes semblaient être fascinés par ce mafieux, et on a pu entendre un bruit métallique semblable à celui d’une culasse » a noté la surveillance.

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