L’entité de réparation pour les victimes de pédophilie au sein de l’Église a versé une compensation à un homme précédemment condamné pour pédophilie. Ce dernier avait été sexuellement agressé par un prêtre durant son enfance. Jean-Yves Schmitt, qui est maintenant âgé de 73 ans, a subi des abus sexuels de la part du prêtre Félix Hutin alors qu’il était adolescent dans un établissement scolaire de Bourg-en-Bresse (Ain) durant les années 1960, avant d’être reconnu coupable de pédophilie à plusieurs occasions par la suite. Le prêtre a été condamné au civil en juillet 2015 pour les abus commis sur M. Schmitt, car les faits étaient périmés sur le plan pénal.
Selon l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr) dans une lettre du 16 mai, consultée par l’Agence France-Presse (AFP) et dont des extraits ont été publiés par Le Parisien, les actes infligés par le prêtre ont eu des « conséquences graves et durables ». Ils ont eu un impact psychologique sur la vie personnelle de M. Schmitt, ses relations familiales et son développement professionnel.
L’autorité a ajouté que le comportement du prêtre et son emprise sur le corps et l’esprit de M. Schmitt ont conduit à une sorte de dépendance qui a perturbé son orientation et l’a laissé vulnérable à des désirs irrépressibles. Cette situation a mené M. Schmitt à commettre des actes de violence, à franchir certains tabous et à subir de lourdes condamnations pénales, changeant sa vie professionnelle, personnelle et familiale.
La compensation a été accordée à six pédophiles sur un total de 679 victimes.
Selon le texte original, l’organisation concernée, après avoir été sollicitée par la personne en question, lui a octroyé une « reconnaissance » de ce qu’elle a « enduré » ainsi qu’un dédommagement financier de 60 000 euros. Cependant, cette indemnisation financière ne dégage en aucun cas l’individu de ses actes ultérieurs, comme le met en évidence la présidente de l’Inirr, Marie Derain de Vaucresson, qui insiste sur le fait que « un agresseur reste responsable de ses actes, même s’il a lui-même été victime ».
L’Inirr tient « compte de toutes les victimes. Cette personne a été victime et on ne peut ignorer ce fait », ajoute-t-elle. Interrogé par l’AFP, M. Schmitt a exprimé son entendement sur « l’idée que l’on indemnise » un pédocriminel pouvant « sembler ambiguë ». « Mais il faut saisir que tout vient du fait que j’ai été victime : si je ne l’avais pas été, je n’aurais pas été prédateur », a-t-il ajouté. Cela ne me remboursera pas mes années perdues ni les moments manqués avec mes petits-enfants que je n’ai pas vus depuis leur naissance. »
Au 12 juillet, l’Inirr – fondée suite à la réaction massive en 2021 au rapport Sauvé sur la pédocriminalité dans l’Eglise catholique – avait été sollicitée par 1 453 victimes en tout, et 679 d’entre elles avaient obtenu réparation, selon le deuxième rapport annuel présenté mi-mars. La situation de M. Schmitt est « exceptionnelle », selon Marie Derain de Vaucresson, qui évoque six cas parmi les 679 décisions prises par l’Inirr depuis sa création.