Catégories: Actualité
|
15 juillet 2024 9 h 06 min

« Guerre en Ukraine: Dernières Informations »

Partager

Consultez tous nos écrits, études et reportages sur le conflit ukrainien. Nos documentaires, examens et interprétations sont présentés par « Le Monde ». Le Prix Nobel appelle : « Nous exigeons un cessez-le-feu immédiat en Ukraine et à Gaza pendant les Jeux Olympiques de Paris ». Rheinmetall, bénéficiaire de la remilitarisation allemande, risque de se faire des adversaires en Russie. Face à Poutine et à son conflit, des poètes russes publient sur Internet leur indignation et leur désarroi. Pourquoi la remilitarisation de la Russie alarme l’OTAN ? Guerre en Ukraine : « Les Russes ont délibérément tiré sur un hôpital pédiatrique ». Dans le Donbass, la commandante « Monka » se consacre à « piéger les Russes ». A la frontière avec la Russie, sur le flanc oriental de l’OTAN, « l’ère pré-guerre » a débuté. Nos réponses à vos interrogations les plus courantes. Comment Moscou et Kiev emploient-ils des drones?

Depuis quelques mois, la guerre de drones entre la Russie et l’Ukraine s’est intensifiée au point de devenir sans précédent. Un rapport publié en mai 2023 par un groupe de réflexion britannique expert en sécurité définit que les Ukrainiens perdent quelque 10 000 drones par mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour. Comparativement, l’armée française a un peu plus de 3 000 drones dans son arsenal. Ukrainiens et Russes utilisent principalement de petits véhicules aériens sans pilote (UAV en anglais) d’origine civile, économiques et accessibles en grande quantité. Ils sont employés pour surveiller le champ de bataille et guider les troupes ou les tirs d’artillerie; certains sont également adaptés pour porter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Les drones kamikazes, bien que plus rares, jouent un rôle crucial. Ces UAV, équipés de chargements explosifs, sont déployés au-dessus des lignes de front sans mission préétablie. Moscou emploie les drones russes Lancet-3 ainsi que les Shahed-136, fabriqués en Iran. N’ayant pas de flotte navale significative, l’Ukraine défie l’adversaire avec des navires non pilotés, de petits kayaks télécommandés remplis d’explosifs (450 kilogrammes de TNT).

Les Ukrainiens et les Russes, comprenant l’importance de ces drones pour leurs opérations militaires, se sont mis en place pour approvisionner leurs troupes à long terme en effectuant d’importantes acquisitions de drones civiles sur le marché et en établissant des capacités internes de fabrication. L’industrie nationale ukrainienne était balbutiante au début de la guerre du Donbass il y a dix ans, mais s’est renforcée depuis. Le ministre de la transformation numérique ukrainien a annoncé à la fin du mois d’août la création d’une réplique du drone Lancet russe, bientôt lancée sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

Limitée par les sanctions occidentales qui restreignent l’approvisionnement en composants électroniques, la Russie a du mal. Cependant, selon les renseignements américains, Moscou aurait commencé la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour fabriquer des drones kamikazes de conception iranienne, tels que les Shahed-136.

Concernant les stocks de missiles russes, cela reste un mystère. Il est extrêmement difficile, voire impossible, de connaître l’inventaire actuel des missiles de l’armée russe. Les services de renseignement ukrainiens font régulièrement des déclarations sur cette question, mais leurs estimations sont sujettes à controverse.

D’après les informations rapportées par Andri Ioussov, le porte-parole du service de renseignement de la défense (GUR), révélées par Liga.net, l’armée russe possédait environ 2 300 missiles balistiques et de croisière avant le déclenchement de la guerre et elle avait encore plus de 900 de ces missiles au début de l’année. A ces chiffres s’ajoutent, selon le porte-parole, plus de dix mille missiles antiaériens S-300, d’une portée d’environ 120 kilomètres, et un stock considérable de missiles S-400, une version plus récente avec trois fois la portée. En août, Vadym Skibitsky, le numéro deux du GUR, indiquait qu’ environ 585 missiles avaient une portée supérieure à 500 kilomètres.

Concernant les capacités de production, des experts estiment qu’elles ont augmenté pour atteindre une production mensuelle d’environ cent missiles balistiques ou de croisière. En octobre, le GUR estimait cette production à environ 115 unités par mois.

Par ailleurs, des acquisitions de missiles à courte portée auraient été faites en Iran et en Corée du Nord, avec des achats qui continueraient. L’agence de presse Reuters, citant plusieurs sources iraniennes, a révélé que depuis janvier, 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (avec une portée de 300 à 700 kilomètres) avaient été livrés à la Russie, suite à un accord. Le nombre de missiles nord-coréens acquis par la Russie n’est pas connu, mais il a été rapporté que 24 missiles ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, selon le procureur général, Andriy Kostin. D’après les analyses des experts sur les débris et les trajectoires, il semble que ces missiles soient des KN-23 et KN-24 avec une portée d’environ 400 kilomètres.

Qu’en est-il des avions de combat F-16 ?

Répondant à une demande de longue durée du chef de l’État ukrainien, en août 2023, les États-Unis ont approuvé le transfert des F-16 à l’Ukraine. Il y a plus de 300 F-16 dispersés à travers neuf pays européens, parmi lesquels, la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal. Toutefois, tous les pays possédant ces avions ne peuvent pas les céder immédiatement.

Volodymyr Zelensky avait annoncé un total de 42 F-16 que les alliés occidentaux avaient promis à Kiev, mais cette information n’a pas été vérifiée. Le Danemark en a promis 19. Les six premiers n’arriveront pas avant fin 2023, suivis de huit autres en 2024 et de cinq autres en 2025, comme l’a confirmé la Première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également fait une promesse similaire, disposent de 42 F-16, mais n’ont pas encore indiqué combien ils prévoient de donner.

De plus, les pilotes ukrainiens doivent être formés pour ces avions de combat américains. Onze nations alliées de Kiev se sont engagées à former les pilotes. L’OTAN estime que les soldats ukrainiens ne seront pas prêts à utiliser les avions dans des situations de combat avant le début de 2024, alors que d’autres experts prédisent l’été de cette même année.

Alors, quelle est l’aide militaire que ses alliés apportent à Kiev ?

Deux années se sont écoulées depuis le commencement du conflit de grande envergure et le soutien de l’ouest à Kiev est en chute constante. En comparaison avec la même durée de l’année passée, allant d’août 2023 à janvier 2024, le rapport de l’Institut Kiel du mois de février 2024 indique une baisse des aides récemment déclenchées. Il se peut que cette chute persiste, avec le Sénat américain ayant du mal à passer des propositions d’aide et l’Union européenne ayant du mal à adopter une aide de 50 milliards d’euros le premier février 2024, suite au blocage hongrois. Notons que ces deux aides ne sont pas encore incluses dans le dernier résumé rédigé par l’Institut Kiel, qui s’arrête en janvier 2024.

Le nombre de donateurs diminue selon les informations de l’institut allemand et se rassemble autour d’un certain groupe de pays: les Etats-Unis, l’Allemagne, les pays du nord et de l’est de l’Europe, qui offrent à la fois une aide financière conséquente et des armements avancés. Au minimum, 276 milliards d’euros ont été promis par les pays soutenant Kiev pour le plan militaire, financier ou humanitaire depuis février 2022.

Au niveau absolu, les pays les plus prospères ont été les plus magnanimes. Les États-Unis sont les donateurs principaux avec plus de 75 milliards d’euros d’aide annoncées, dont 46,3 milliards en soutien militaire. Les pays de l’Union Européenne ont annoncé des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides collectives provenant des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), se totalisant à 158.1 milliards d’euros.

Lorsqu’on compare les dons des différents pays à leur produit intérieur brut (PIB), les résultats varient considérablement. Les États-Unis ne se retrouvent qu’à la vingtième place, car leurs contributions ne représentent que 0,32 % de leur PIB, ce qui est nettement moins comparé à certains pays limitrophes de l’Ukraine ou à d’anciennes républiques soviétiques alliées. C’est l’Estonie qui domine le classement en termes de pourcentage du PIB alloué aux dons, avec 3,55 %. Le Danemark suit avec 2,41 %, puis la Norvège à 1,72 %. La Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %) complètent le top 5. Ces trois États baltes, qui partagent des frontières avec la Russie et son alliée, la Biélorussie, figurent parmi les donateurs les plus généreux depuis le déclenchement du conflit.
En termes de pourcentage du PIB, la France se place à la vingt-septième position, ayant consacré seulement 0,07 % de son PIB à l’aide, juste derrière la Grèce (0,09 %). On constate que l’aide de Paris a continuellement diminué depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – où la France se situait à la vingt-quatrième place en avril 2023, et même treizième à l’été 2022.
Enfin, quelles informations avons-nous sur les tensions qui existent à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

L’Ukraine et la Pologne ont rencontré des défis dans leur relation ces derniers mois, centrés principalement sur le transport des céréales ukrainiennes. En 2022, la Commission européenne a mis en œuvre des « chemins de solidarité » facilitant l’exportation et la vente, sans tarifs douaniers, des produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Toutefois, selon la Fondation Farm, une organisation se concentrant sur les problématiques agricoles à l’échelle mondiale, environ 50% des céréales ukrainiennes transitent ou finissent leur voyage dans l’Union européenne (UE). En particulier, ces céréales se vendent à un prix inférieur au blé produit en UE, notamment dans les pays d’Europe centrale.

Ce fait poignardant a conduit la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie à bloquer leurs importations en avril 2023 en invoquant la déstabilisation que cela provoque sur le marché local, affectant ainsi leurs agriculteurs. Bruxelles accepta l’embargo à condition que ce dernier ne dérange pas le transport vers d’autres pays et ne dure que quatre mois. Toutefois, en dépit des conclusions de Bruxelles affirmant que l’embargo n’était plus nécessaire car les marchés nationaux de céréales n’étaient plus bousculés, Varsovie, jugeant que le problème n’était pas entièrement résolu, a opté pour garder sa frontière fermée aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été.

Les cultivateurs de la Pologne ont créé un barrage à la limite entre l’Ukraine et leur territoire afin d’interdire l’entrée des véhicules ukrainiens, demandant une « interdiction totale » sur les marchandises agricoles et alimentaires ukrainiennes. Ils s’insurgent contre la flambée de leurs dépenses opérationnelles alors que les silos et les entrepôts sont surchargés et les tarifs sont très bas. Au début de 2024, le chef d’Etat ukrainien a jugé que le siège de la frontière polonaise est un signe de « l’affaiblissement de la solidarité » envers l’Ukraine, sollicitant des discussions avec la Pologne. « Seule Moscou célèbre » ces différends, a-t-il également proclamé, critiquant « l’émergence de phrases clairement en faveur de Poutine ».