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15 juillet 2024 16 h 13 min

« Gazaouis au Caire attendent visas français »

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« Il règne une incertitude inévitable, que ce soit à Gaza ou en France. Nous sommes prisonniers en Égypte, dans l’attente anxieuse de l’avenir », exprime Islam Idhair, un journaliste, interprète et assistant de production palestinien collaborant avec divers médias français dans la bande de Gaza depuis une quinzaine d’années. Derrière son attitude joviale et ses plaisanteries en français impeccable, se cache un homme dévasté, tourmenté par les traumatismes de la guerre.

Le 21 octobre 2023, lors d’une attaque aérienne israélienne, son domicile à Rafah a été frappé, tuant instantanément ses quatre enfants. Les secouristes ont repéré son corps enseveli sous les débris par sa main qui dépassait des ruines. Après avoir été dégagé et emmené à l’hôpital, le père de 37 ans a dû affronter les corps sans vie de ses enfants, Ayman, 13 ans, Aous, 5 ans, Imane, 12 ans et Andalous, 10 ans.

« Nous formions une famille merveilleuse. Je leur enseignais le français, » se remémore-t-il. « La culture française a toujours représenté une échappatoire pour nous, les habitants de Gaza, enfermés dans notre prison à ciel ouvert », ajoute-t-il. Islam Idhair a exercé en tant qu’assistant de langue française à l’Université Al-Aqsa à Gaza, documentariste pour le Centre Culturel Al-Qattan et était le co-fondateur du média francophone Gaza la Vie.

Des liens forts se sont tissés avec la France.

Durant la période du printemps, Islam Idhair, Hiba son épouse, ainsi qu’environ une centaine de Gazaouis ont été ajoutés à une liste que le consulat de Jérusalem avait envoyé à la cellule de crise du ministère des Affaires étrangères. Cela avait pour perspective une éventuelle évacuation vers l’Egypte et par la suite vers la France. Suite à l’évacuation des citoyens français, des doubles nationaux, des employés de l’Institut français et de leurs familles de la zone de conflit, le Quai d’Orsay a décidé d’étendre le plan à quelques individus sélectionnés qui depuis toujours ont maintenu des relations avec la France.

Près du 1er mai, la liste préparée par le ministère des Affaires étrangères a été remise aux autorités israéliennes avec pour intention d’exfiltrer une partie des personnes mentionnées. Cependant, l’opération n’a pas abouti. Le 7 mai, l’armée israélienne, malgré tous les avertissements internationaux et les appels à la prudence, a envahi la ville de Rafah et a pris possession du poste-frontière, rendant inaccessible la seule issue pour les civils de Gaza.

Pressentant une attaque prochaine, Islam et sa conjointe ont opté pour leur propre exfiltration vers l’Egypte. Arrivé au Caire le 1er mai, le couple a réussi à entrer en Egypte malgré un droit d’entrée exorbitant qu’ils ont réussi à régler grâce à une collecte de fonds organisée par des citoyens français. À leur arrivée, ils ont immédiatement fait une demande de visa et ont obtenu un premier rendez-vous avec le consulat français. Malgré un dossier bien constitué incluant une offre d’emploi de la part d’une radio associative française et un logement assuré, leur attente d’une réponse se prolonge encore deux mois plus tard.

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