La survie de Mohammed Deif, le chef de la branche militaire du Hamas, demeure incertaine, malgré l’insistance du Hamas qu’il est toujours en vie. En revanche, Israël, qui a ciblé Deif pour la neuvième fois en quarante ans lors d’une série d’attaques violentes dans le sud de Gaza, ne peut pas confirmer sa mort. Ces attaques, parmi les plus meurtrières du conflit, ont eu lieu dans la région d’Al-Mawasi, un refuge pour les gazaouis déplacés selon l’armée israélienne. Selon le ministère de la santé de Gaza, géré par le Hamas, elles ont causé la mort d’au moins 90 personnes, principalement des femmes et des enfants, et fait 300 blessés. La Palestine a également signalé une vingtaine de morts lors d’une frappe sur un lieu de prière dans le camp de réfugiés d’Al-Shati à l’ouest de Gaza. Il est donc évident que l’armée israélienne a dédaigné la notion de proportionnalité au cours de cette guerre qui a débuté dix mois plus tôt. Parmi les personnes ciblées lors de l’attaque du 7 octobre 2023, Rafa Salama, le chef de la brigade de Khan Younès, dont la mort a été confirmée par Israël. Khalil al-Hayya, un haut dirigeant du Hamas en exil, a réitéré à Al-Jazira que Deif est vivant, bien que le Hamas n’ait fourni aucune preuve. Selon l’armée israélienne, Deif et Salama auraient été localisés à l’ouest de Khan Younès, dans une enceinte muette entourée d’arbres gardés par des gardes du Hamas pour éloigner les déplacés.
Une telle immensité d’espace, à la fois vide et fermé, est rarissime dans cette région où approximativement un million et demi individus s’agglutinent dans de gigantesques camps de tentes poussiéreuses, en proie à des conditions sanitaires déplorables, la faim et la soif, selon les chiffres de l’ONU. L’agression a été perpétrée à proximité d’un des rares points de distribution d’eau potable et de ravitaillement.
D’après les dires de la station de radio de l’armée, Mohammed Deif avait déjà trouvé refuge dans la partie sud de l’enclave avant que les forces israéliennes n’y pénètrent, fin octobre 2023. Depuis lors, il est resté principalement sous terre, entre sa ville natale, Khan Younès, et Rafah, dans l’immense réseau de tunnels qu’il avait supervisé la mise en place pendant plus de vingt ans. Il s’y était engouffré avec une partie de ses troupes suite à la forte riposte attendue d’Israël, laissant derrière lui deux millions de civils gazaouis livrés à eux-mêmes.
L’infanterie avait occupé Khan Younès pendant plusieurs mois jusqu’en avril, se rapprochant à quelques centaines de mètres du complexe qu’elle visait samedi. Toujours d’après la station radio militaire, Mohammed Deif aurait assuré, tant bien que mal, la supervision des opérations des brigades du Hamas tout au long du conflit, ce qui justifierait sa rencontre avec Rafa Salama le 13 juillet. On suppose qu’il n’est que récemment qu’il a osé sortir à la surface. À Gaza, très peu seraient capables d’identifier Mohammed Deif, une figure mystérieuse, s’il se tenait face à eux.
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