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« Élection présidentielle rwandaise courue d’avance »

Évaluer les possibilités de réussite d’un candidat à partir de la foule présente à ses réunions électorales comprend généralement une importante zone d’incertitude. Mais au Rwanda, avant les élections présidentielles et législatives du lundi 15 juillet, il y avait peu de doutes. Philippe Mpayimana et Frank Habizena, challengers officiels du président sortant Paul Kagame, ont du mal à rassembler quelques supporters. Pendant ce temps, le « patron », qui dirige le pays depuis trente ans, s’appuie sur une force électorale puissante, son parti, le Front Patriotique Rwandais (FPR), qui remplit des stades avec des dizaines de milliers de fans à travers tout le pays.

Le manque d’enthousiasme de quelques militants ou partisans potentiels de ces deux opposants, qui ne servent qu’à légitimer une réélection annoncée, est facile à comprendre. Cela a été le cas pour toutes les élections précédentes depuis que les forces de Paul Kagame ont mis fin au génocide des Tutsis en 1994 et ont éradiqué ou tué les idéologues racistes du « hutu power » ainsi que toutes les structures politico-militaires qui ont commis le crime ultime en massacrant 800 000 personnes en cent jours.

Paul Kagame, qui contrôlait effectivement le Rwanda suite à sa victoire militaire, a été officiellement élu président en 2000 par un parlement sous son contrôle. En 2003, avec l’introduction d’élections au suffrage universel direct, il remporte 95% des votes. Son résultat le plus faible à ce jour est en 2010, où il remporte « seulement » 93% des votes avec une participation de 88%. Cependant, en 2017, ce chiffre est passé à 98,63%. C’est difficile de prévoir une autre issue pour 2024.

Une modification constitutionnelle adoptée en 2015 par référendum (avec 98% approbation) a réduit la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans. Cependant, cet amendement a également effacé tous les mandats précédents de Paul Kagame. Cela lui permet de rester au pouvoir pour deux autres quinquennats, jusqu’en 2034, s’il le désire.

Quel espoir peuvent donc avoir Philippe Mpayimana, un candidat indépendant, défenseur des droits de l’homme et ancien journaliste formé en France, en Belgique et au Cameroun, et Frank Habineza, président du Parti démocratique vert du Rwanda ? Ils peuvent espérer augmenter leur pourcentage de votes par rapport à 2017. Leur marge de progression auprès des neuf millions d’électeurs est en théorie énorme, après avoir obtenu seulement 0,73% et 0,48% des votes respectivement lors des précédents scrutins. Malgré tout, cela reste insignifiant.

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