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14 juillet 2024 15 h 11 min

« Triple objectif hospitalier, incluant les Olympiques »

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L’annonce de ma participation aux Jeux para-olympiques m’a été faite le 21 mai, à Lucerne en Suisse. C’était lors de la dernière compétition de qualification pour les Jeux de Paris. La course en skiff (un type de bateau individuel) dans les épreuves d’aviron représentait ma dernière opportunité pour obtenir mon billet. La pression était énorme.

Je me souviens de ce matin avec précision. J’étais dans un excellent état d’esprit. Cinq ans de préparation m’avaient amené jusque là, m’avaient permis de me tenir prêt pour cette journée. J’étais plein d’enthousiasme et porté par un sentiment de détermination. Mon parcours jusqu’à ce point était nettement défini. J’avais une confiance totale en ma victoire.

Ma route vers les Jeux, marquée par de nombreuses étapes importantes, avait commencé le 24 août 2019. A cette époque, j’étais un étudiant au Cesi, une école d’ingénieurs à Nice. J’étais un étudiant moyen, mes efforts étant habituellement limités au strict minimum. Mon choix pour une école d’ingénieurs était pragmatique : cela garantissait la possibilité de trouver un emploi bien payé dans un marché du travail très accueillant.

La journée précédente, j’avais participé à une fête avec quelques amis. J’avais l’habitude de fumer diverses substances. Globalement, mon hygiène de vie laissait à désirer, je me laissais simplement porter par la vie. Ce jour du 24 août, je me suis réveillé en mauvais état, ayant promis à ma grand-mère de venir déjeuner avec elle. Malheureusement, ma voiture était en panne. Utiliser ma moto aurait été une option, mais j’avais négligé de charger la batterie. J’ai donc dû emprunter le scooter de mon père, bien que je savais que les pneus étaient mal gonflés… mais cela ne m’a pas dissuadé.

Je me dirigeais vers Marignane (Bouches-du-Rhône) sur la voie express. Malgré le manque de protection, car je n’avais que mon short et mon tee-shirt, je connaissais bien ce chemin. Dans un tournant un peu abîmé, mon scooter se met à osciller et je perds le contrôle. Expulsé du véhicule, je termine ma course dans les garde-fous, jambes en avant. L’incident fatal s’était produit.

J’ai compté « deux ou trois minutes avant de perdre la vie ».

Je suis immobilisé, avec ma fémorale tranchée. Mon corps se vide graduellement de son sang. Les secours, malgré leur intervention en dix minutes, ne sont pas assez rapides. Jeune homme de même pas 20 ans, il me reste à peine deux à trois minutes de vie.

Un passant se présente alors. Venant tout droit de la maternité avec son nouveau-né, sa conjointe et deux autres de ses enfants. J’ai murmuré deux mots: « Sauve-moi… » Il se lance dans le sauvetage, mettant ses mains dans ce mélange sanglant de chair, d’os et de métal. Grâce à une ceinture utilisée comme un garrot, il a réussi à me sauver. Son nom est Loïc.

Cet événement tragique a joué un rôle crucial dans mon acceptation de ma nouvelle condition physique. Il m’a permis de réaliser la chance énorme que j’ai eue de survivre, malgré ma nouvelle invalidité. Quand les pompiers arrivent finalement, ils m’administrent un sédatif. Je suis emmené en hélicoptère à l’hôpital de la Timone, à Marseille, où l’équipe médicale décide de me couper les deux jambes au-dessus du genou.

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