Au moment où Joe Biden lutte pour préserver sa candidature devant les médias le jeudi 11 juillet, Earl Wilcox, âgé de 76 ans, prend place dans son camion décoré d’oranges et de bleus et présentant un slogan à la fois en anglais et en espagnol: «Votez pour votre familia ». Ce patriarche démocrate se rend à la résidence pour personnes âgées Casa Primavera de Phoenix (Arizona) dans l’espoir de découvrir des résidents qui ne sont pas encore inscrits sur les listes électorales.
La température atteint 42°C, mais cela ne suffit pas pour ralentir ce natif du barrio («quartier») de South Phoenix, grand de taille et aux cheveux blancs. Sa grand-mère est arrivée aux États-Unis deux générations auparavant. A 26 ans, il est devenu le plus jeune élu de l’assemblée de l’État. En 1999, il a repris le restaurant El Portal avec son épouse, Mary Rose, qui fut la première Latino à être élue au bureau des superviseurs du comté de Maricopa. Le couple a fait d’El Portal le cœur historique de la communauté latino et un incontournable pour les démocrates en campagne.
Le 19 mars, Joe Biden a opté pour El Portal pour le lancement de son programme « Latinos con Biden ». C’était sa troisième visite en dix mois dans un État où 30% de la population est latino. « Le président a parlé pendant un quart d’heure. Son message était : j’ai besoin de votre aide pour accomplir cette mission », se souvient Earl Wilcox. La salle était remplie d’une cinquantaine de responsables associatifs. « Il s’est adressé à chacun. Il était impressionnant, très fort mentalement. » Une image bien loin du débatteur du 27 juin, qui n’a pas su tenir tête à Trump. Le militant blâme l’équipe présidentielle. « Ils l’ont fait traverser l’Atlantique quatre fois ! ».
En 2020, Joe Biden a remporté l’Arizona par une petite marge de moins de 11 000 voix. C’est l’un des six États décisifs pour les élections présidentielles du 5 novembre. Avant le débat, les sondages étaient en faveur de Donald Trump, cependant, il restait dans la zone de marge d’erreur. « Nous pensions que les indépendants se rallieraient à Biden en raison des nombreux problèmes judiciaires de Trump », affirme un septuagénaire. Le 9 juillet, le Cook Political Report, un bulletin d’analyse électorale respecté, a placé l’état dans la catégorie « plutôt républicain ». Ceci a déclenché une onde de choc parmi les militants.
« Une bataille ascendante difficile »
Earl Wilcox ne demande pas le retrait de Joe Biden, « un homme bon », contrairement à beaucoup qui « le poussent vers la porte ». Sa réaction immédiate est: « Nous sommes préoccupés. » Il s’inquiète non seulement pour la Maison Blanche, mais aussi pour les autres postes en lice – au Sénat, à la Chambre et à l’assemblée locale – qui pourraient souffrir si le candidat président est affaibli. « Si quelqu’un d’autre le remplace, nous nous y adapterons », déclare-t-il. « Mais ce sera une bataille ascendante difficile. »
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