Il y a presque quatre ans, les institutions françaises sous l’égide de l’ambassade de France en Turquie ont été ciblées par le gouvernement turc. Les adolescents turcs éduqués dans les lycées Charles-de-Gaulle à Ankara et Pierre-Loti à Istanbul pourraient se voir refuser l’éducation dans ces établissements dès la rentrée.
La Turquie a intensifié ses propos le samedi 13 juillet, lors d’une controverse avec la France concernant le statut des écoles françaises opérant en Turquie. A Erzurum, dans l’est de la nation, le ministre de l’Education, Yusuf Tekin, a sévèrement réprimandé l' »arrogance » de la France: « Nous ne sommes pas comme les pays que vous avez colonisés. Nous sommes une nation souveraine. Vous devez agir en fonction de nos conditions si vous voulez enseigner ici », a ajouté le ministre.
Dans une lettre envoyée le vendredi précédent aux parents d’élèves, l’ambassade de France à Ankara a informé de la possibilité que les élèves turcs soient interdits d’études dans les établissements français d’Istanbul et d’Ankara, malgré le fait qu’ils soient l’immense majorité des élèves.
Ankara veut la réciprocité
Le point central du conflit est une demande persistante de « réciprocité » de la part du gouvernement turc, qui souhaite ouvrir des établissements turcs en France, reconnus par le gouvernement français. « Il faut offrir un statut légitime à ces écoles [françaises]. En retour, nous aurons certaines exigences pour les citoyens turcs en France », a déclaré le ministre samedi.
Les autorités françaises font face à un blocage de nos demandes de citoyens relatifs aux leçons de langue et de culture turques, laissant leur décision à leur discrétion. Si elles acceptent nos termes, elles peuvent continuer, sinon le choix leur revient « , a-t-il averti.
De son côté, l’ambassade de France espère sortir de l’impasse en concluant un accord : « Ces écoles ont grandement contribué aux relations bilatérales franco-turques depuis des décennies. Nous sommes plus déterminés que jamais à continuer les discussions avec l’objectif ferme de les faire réussir », a répondu l’ambassadrice de France à Ankara, Isabelle Dumont, à l’Agence France-Presse.
D’autre part, le ministre turc de l’éducation a insisté sur le fait que l’inscription d’élèves turcs dans des écoles françaises, créées à l’origine pour les enfants d’employés de missions diplomatiques, représentait une violation de la loi en Turquie. Il a battu le rappel qu’un accord bilatéral devrait être conclu pour résoudre ce problème, une démarche que les Français ne souhaitent pas prendre.
Les négociations, lancées depuis le commencement de l’année, se poursuivent actuellement, mais en l’absence d’un accord avant la rentrée scolaire, ces écoles ne pourront plus accueillir de nouveaux étudiants turcs, même si ceux qui y sont déjà pourront poursuivre leurs études, a ajouté le ministre. À long terme, l’interdiction d’accepter des citoyens turcs diminuerait de manière significative le nombre d’étudiants dans ces institutions, mettant leur existence en danger.
Une focalisation accrue sur des programmes mettant en valeur les « valeurs traditionnelles » est également observée.
En outre, le gouvernement turc a exprimé le souhait que les programmes d’études dans les institutions françaises soient alignés sur ceux suivis dans les écoles turques pour certaines matières. Le durcissement soudain des autorités qui ont augmenté la pression est source de surprise, selon une source proche du dossier. On note que les programmes turcs sont de plus en plus focalisés sur les « valeurs traditionnelles », au détriment évident des langues étrangères et des leçons de sciences, ce que l’opposition condamne.
Recep Tayyip Erdogan, le président turc, a dévoilé un nouvel programme scolaire en juin, qui fait l’éloge de la famille et de l’ordre moral, malgré les protestations des syndicats d’enseignants accusant Erdogan de vouloir islamiser l’éducation.
Erdogan a également mentionné que des options de cours « sur le Saint Coran, la vie du Prophète » ainsi que d’autres cours sur l’Islam seront offerts. Cette annonce a suscité la colère des syndicats d’enseignants qui considèrent ce programme comme « réactionnaire » et « contraire à la laïcité, la science et l’enseignement démocratique ».
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