Exactement un an auparavant, quatre régions espagnoles avaient opté pour un virage à droite lors de vastes accords de coalition entre le Parti populaire (PP) et l’extrémiste de droite Vox. Ces régions, qui comprenaient la communauté de Valence, l’Estrémadure, l’Aragon et la Murcie, suivaient l’exemple fixé en 2022 par le gouvernement de Castille-et-León. À elles s’ajoutaient les Baléares, gouvernées seul par le PP mais soutenues au parlement par un accord avec Vox. Seules trois régions autonomes étaient restées sous le contrôle du parti socialiste.
Cependant, cette situation a connu une fin abrupte le jeudi 11 juillet dans la soirée. Santiago Abascal, le président du parti d’extrême droite, a exécuté la menace qu’il brandissait depuis plusieurs jours : se retirer des gouvernements de coalition avec le PP et leur ôter son soutien parlementaire. Le prétexte invoqué était le refus d’être « complice de l’immigration massive », suite à la décision du PP d’accepter la répartition de près de 350 mineurs étrangers non accompagnés (MENAs) dans les régions qu’il gouverne. Cette initiative voulait alléger la charge sur les centres d’accueil des Canaries, submergés par l’afflux de migrants.
Durant cette nuit, tous les ministres régionaux de Vox ont démissionné, ou ont été écartés préventivement par le PP, à l’exception unique d’Ignacio Higuero de Juan, le représentant de l’extrême droite en Estrémadure, qui a choisi de quitter son parti. « Vox ne représente pas actuellement mes idéaux », a affirmé ce ministre régional en charge de la gestion forestière et du monde rural. Par ailleurs, cette décision de Vox pourrait plonger ces régions dans la paralysie et l’instabilité politique.
« Mise sous pression par l’ultra-droite ».
Vox, un parti politique en déclin depuis plus d’un an, ressent la pression de la montée d’un mouvement radical d’extrême droite antisystème, dirigé par le youtubeur et commentateur politique Alvise Perez, qui a conclu sa fête. De façon inattendue, Perez a gagné 4,6 % des suffrages et trois sièges au Parlement européen en juin, soit la moitié de ce que Vox avait obtenu, en intensifiant ses attaques sur les thèmes favoris de l’extrême droite. M. Perez décrit Vox comme une « extrême droite nantie ».
Son apparition sur la scène politique a sûrement influencé la décision de Vox de se repositionner comme un parti populiste, en accentuant un discours sécuritaire et xénophobe. « Nous ne tolérerons pas les viols, les vols et les attaques à la machette [des Menas] », a déclaré M. Abascal le 8 juillet, ciblant sans hésiter les mineurs non accompagnés, une des cibles privilégiées de Vox, pour mieux intimider le PP. « Je ne céderai pas au chantage de quiconque, a répliqué Alberto Nuñez Feijoo, le président du PP. Nous respecterons nos obligations et engagements et nous serons cohérents et solidaires face à la situation exceptionnelle que connaissent les Canaries. » Cet archipel espagnol situé au large des côtes du sud du Maroc est la principale porte d’entrée des migrants en Espagne. Cependant, au cours du premier semestre 2024, le nombre d’arrivées de migrants par mer a presque triplé par rapport au premier semestre 2023, passant de près de 7 000 à plus de 19 000.
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