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13 juillet 2024 14 h 09 min

« JO: Dépenses Indécentes des Élites Parisiennes »

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Il semble qu’il n’y ait pas eu autant de divisions en France depuis la fin des années 1960. Lorsque l’idée d’une candidature parisienne pour l’organisation des Jeux olympiques de 2024 a été envisagée, il était difficile de prévoir que cet événement coïnciderait avec un scrutin national mettant en évidence l’écart considérable entre la métropole française moderne et adaptée à la mondialisation et la transformation numérique, et la classe moyenne inférieure de la France rurale, durement touchée par l’augmentation du coût de la vie, du logement, des énergies fossiles et des produits alimentaires. Cette classe semble être en danger d’être encore plus limitée en termes de mobilité, déconcertée par les nouvelles tendances numériques, préoccupée par la criminalité et le manque de civilité, et menacée de déclassement.

Il a longtemps été noté que cette rupture entre la France rurale et celle des grandes villes existe. Les organisateurs des jeux ont probablement pensé, de bonne foi, qu’un événement comme les Jeux olympiques pourrait contribuer à réduire ce fossé et encourager une certaine unité nationale. Qu’en est-il réellement ? Les grands événements sportifs internationaux peuvent-ils apporter de la joie et aider à favoriser une sorte de réconciliation au niveau national ?

Les études récentes menées par les économistes nous donnent des réponses nuancées qui pourraient aider à envisager cette question. Les Jeux olympiques de Londres en 2012 ont contribué à une augmentation du bien-être subjectif des Londoniens, en particulier pendant la durée des épreuves et des cérémonies d’ouverture et de clôture.

Malgré un impact à court terme, il ne fait aucun doute que les Jeux Olympiques ont contribué au bonheur des citoyens de la ville hôte, selon l’analyse des données sur le bien-être subjectif dans « Quantifying the intangible impact of the Olympics » du Journal of Public Economics n°117, 2019 par une équipe d’experts incluant Paul Dolan, Georgios Kavetsos, Christian Krekel, Dimitris Mavridis, Robert Metcalfe, Claudia Senik, Stefan Szymanski, et Nicolas Ziebarth.

Cependant, les Jeux de Rio 2016 ont laissé des cicatrices sociales et politiques. Ces blessures se sont amplifiées par le sentiment que l’aide financière gouvernementale allouée aux méga-événements sportifs favorisait les minorités riches au détriment de la communauté, comme l’attestent Robert Baade et Victor Matheson dans « Rendements économiques attendus et Jeux Olympiques: un guide pour l’avenir des Jeux Olympiques » publié dans la Revue d’Economie Financière n°154, 2024.

Bien que les environnements de Londres 2012 et Rio 2016 diffèrent notablement, il paraît plausible de tirer des leçons pour Paris 2024 à partir de ces affirmations. Il reste encore 44,77 % de cet article à lire, exclusivement accessible aux abonnés.