Alexandrine Martine, toujours vêtue de vêtements de sport à motifs militaires, se présente à son rendez-vous dans un café situé sur la place d’Italie, à Paris. Le contexte ne semble pas inhabituel pour une sportive dévouée au CrossFit, qui combine la musculation, l’endurance et la gymnastique. Cependant, cette infirmière de 32 ans est alors enceinte de plus de huit mois et demi, lorsque nous la rencontrons en début du mois de juin. Elle est en pleine forme, dépassant même ses deux grossesses précédentes en termes de bien-être. Elle dit : « Je n’ai ni diabète gestationnel, ni gain de poids significatif – seulement 11 kilos, et je les porte facilement. C’est parce que je reste active. Je ne peux pas simplement m’asseoir sur mon canapé et manger n’importe quoi. Non, c’est impensable, j’aime être à la salle de sport. »
La jeune femme a adopté un mode de vie sain après sa deuxième grossesse. Alexandrine aimait manger et faire la fête, et ne faisait absolument pas d’exercice – « pas du tout ». Cependant, porter constamment son enfant a entraîné des douleurs dorsales importantes et fait prendre conscience à Alexandrine qu’elle manquait de «muscles, de force». Aujourd’hui, cette période lui semble très éloignée: Alexandrine passe sa troisième grossesse à soulever des barres lourdes – un exercice d’haltérophilie appelé clean and jerk. Elle prend son téléphone et montre une vidéo où elle participe à une compétition d’haltérophilie alors qu’elle est enceinte de six mois. « J’ai même amélioré mes performances: Je suis passée de lever 120 kilos à soulever 130 kilos lors des squats, raconte-t-elle. Faire du sport m’a aidé à mieux comprendre mon corps et à mieux contrôler mes muscles. (…) Je n’ai jamais ressenti de danger en m’entraînant. »
Bien qu’Alexandrine Martine ait reçu l’appui de sa sage-femme, elle s’est également confrontée à des commentaires parfois négatifs de la part du corps médical. Elle cite un exemple où un docteur lui a conseillé de pouvoir se permettre un verre de champagne pendant sa grossesse, mais pas de pratiquer du sport. Cette attitude, selon la Dr. Jessica Dahan-Saal, obstétricienne-gynécologue et chef de service à la maternité des Bluets à Paris, est souvent due à une peur injustifiée vis-à-vis de l’exercice physique pendant la grossesse. Toutefois, les mentalités semblent évoluer au cours des dernières années. Dr. Dahan-Saal, est même co-fondatrice d’une formation pour sensibiliser les professionnels de la périnatalité à ce sujet.
Les bénéfices de l’activité physique pendant la grossesse sont multiples, pourtant qu’il n’y a pas de risques ou doutes. Selon Dr. Dahan-Saal, l’exercice aide notamment à limiter les risques de diabète gestationnel et de différents problèmes liés au placenta tels que la prééclampsie, l’hypertension, le retard de croissance et la mort fœtale. D’autres avantages comprennent également un gain de poids contrôlé, une meilleure circulation sanguine et des effets positifs sur la santé mentale. Concernant les risques de fausse couche ou de descente de l’organe régulièrement imputés à l’activité physique au cours de la grossesse, ils sont dissipés par la gynécologue, à une condition cependant : il faut correctement contracter son périnée.
Laisser un commentaire