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A Strasbourg, l’inquiétude des réfugiés a augmenté considérablement

Au cours des dernières semaines, le tumulte politique et la perspective d’une prise de pouvoir par le Rassemblement national (RN) ont pénétré le bureau de la psychiatre Myriam Cayemittes. Cela touche les patients étrangers craignant un rejet éventuel de leur demande d’asile ou de logement. Il y a aussi ceux qui, vivant en France depuis de nombreuses années, redoutent de perdre leur emploi ou d’être expulsés. Enfin, il y a « la crainte d’une escalade des propos et des comportements racistes auxquels ils sont déjà confrontés, comme si les résultats du premier tour avaient donné carte blanche. »

Myriam Cayemittes dirige également Parole sans frontière, une association fondée en 1991 par deux psychiatres de Strasbourg, qui offre des consultations aux migrants « victimes de la torture, de violence politique et de traumatismes psychologiques liés à l’exil », elle décrit. La santé mentale des réfugiés est souvent négligée et passe après les urgences matérielles et juridiques.

L’association, qui compte une dizaine de membres, accueille actuellement plus de cent patients (soixante-dix sont sur la liste d’attente). Les consultations sont conduites avec des interprètes qui restent les mêmes durant le traitement. Ils ne sont pas juste des traducteurs ou des médiateurs culturels, « ils doivent donner la priorité à la subjectivité du patient », souligne Myriam Cayemittes. Le bureau de l’association, situé au premier étage d’un immeuble du centre-ville dispose d’un coin avec des vêtements à disposition et des boissons chaudes.

C’est un rappel douloureux de son passé.

Sona Mkrtoumian est le premier visage que les visiteurs voient là-bas. À la suite du succès électoral du Rassemblement National (RN) lors des élections européennes, des individus préoccupés se sont ouverts à elle. Son histoire en tant que travailleuse sociale, une arménienne russe qui a émigré en France seule à 16 ans, fait écho à la leur. Malgré son soulagement face aux résultats du second tour, la jeune femme, dont la famille a échappé au génocide en Turquie pour s’installer en Russie, a dû replonger dans ses souvenirs douloureux ces derniers temps.

L’éventualité d’une majorité pour le RN a ébranlé l’ensemble de l’association, qui bénéficie de financement public (agence régionale de santé, ville, ministère de l’intérieur, etc.). « L’essor marqué de l’extrême droite a largement dominé nos conversations », rapporte Myriam Cayemittes. Elle décrit une équipe choquée. Il était compliqué de maîtriser cette inquiétude tout en continuant à soutenir les patients. Même si le RN n’a pas complètement réussi, l’idée que 40 % de la société française les rejette est bien présente.

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