Que ce soit par voie intraveineuse ou spray nasal, la kétamine, un anesthésiant utilisé en chirurgie vétérinaire et également comme analgésique, a prouvé son efficacité dans le traitement de la dépression résistante. Cela signifie qu’elle a réussi à soigner les patients qui ont précédemment échoué dans au moins deux traitements médicamenteux de huit semaines. Cependant, son utilisation doit être strictement surveillée et effectuée à l’hôpital en raison des effets secondaires possibles, y compris la dissociation, les changements de perception et l’augmentation temporaire de la pression artérielle.
Une nouvelle méthode d’administration sous forme de pilule orale à libération prolongée pourrait révolutionner la situation. Une étude double aveugle de phase 2 a été réalisée pour évaluer l’efficacité et la sécurité de ce traitement chez les patients souffrant de dépression sévère. Ceux qui ont un score entre 20 et 30 sur l’échelle de Montgomery-Asberg Depression Rating Scale (MADRS) et qui ont précédemment échoué dans une moyenne de 4,8 traitements antidépresseurs ont été sélectionnés. Les résultats ont été publiés dans Nature Medicine le 24 juin.
L’étude a été réalisée dans vingt établissements en Australie, Nouvelle-Zélande, Taiwan et Singapour et se déroulait en deux phases. Au cours de la première phase, 231 patients ont reçu des pilules de kétamine pendant cinq jours à des doses de 120 milligrammes par jour, puis ont été évalués huit jours plus tard. Les chercheurs ont ensuite sélectionné 168 personnes qui ont montré une réaction positive à ce traitement initial afin de réduire le taux d’échec. Ces patients ont ensuite été divisés en cinq groupes, chacun recevant soit un placebo, soit des doses de 30 mg, 60 mg, 120 mg ou 180 mg de kétamine deux fois par semaine pendant douze semaines. Les patients ont pris leur médicament à la maison.
Après cette période d’essai, les constatations sont plutôt encourageantes. Paul Glue, un professeur de psychiatrie à l’Université d’Otago (Nouvelle-Zélande), souligne que toutes les cohortes traitées ont montré une diminution du score MADRS plus marquée que le groupe ayant reçu un placebo. Le plus grand impact a été noté chez les patients ayant reçu des doses de 180 mg; leur score a diminué en moyenne de 6,1 points de plus que le groupe placebo. De plus, la tolérance au traitement est assez rassurante. La plupart des effets secondaires (vertiges, céphalées, euphorie, dissociation, nausées…) ne étaient pas sévères pour la plupart. Dix effets secondaires graves – y compris un suicide – ont été signalés, mais d’après les auteurs, aucun n’était attribuable au traitement. Par ailleurs, aucune modification de la pression artérielle n’a été observée.
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