Au début des années 1980, Olaf Scholz, un jeune membre du Parti social-démocrate (SPD), s’opposait fermement à l’accroissement de la présence militaire américaine en Allemagne et à l’idée d’Helmut Schmidt, le chancelier de l’époque, d’installer des missiles Pershing en Allemagne de l’Ouest en réaction au déploiement de missiles SS-20 par les Soviétiques à l’Est du rideau de fer.
Les temps ont changé. Le 11 juillet, Scholz, maintenant chancelier allemand, a accueilli avec enthousiasme la décision récente des États-Unis d’installer des missiles de longue portée en Allemagne d’ici 2026. Il a déclaré depuis Washington, lors du 75e anniversaire de l’OTAN, que cela renforcerait la dissuasion et assurerait la paix. La veille, l’annonce de la Maison Blanche dévoilait que les États-Unis prévoient de déployer des missiles SM-6 à très longue portée, des Tomahawk et des missiles hypersoniques en cours de développement.
Cette nouvelle n’a pas été accueillie avec unanimité en Allemagne. Sahra Wagenknecht, ex-dirigeante du parti radical de gauche Die Linke et fondatrice d’un nouveau mouvement politique, a exprimé sa préoccupation que cela pourrait accroître le risque pour l’Allemagne de se transformer en un théâtre de guerre. Son nouveau mouvement politique, socialement progressiste mais ultraconservateur sur les questions sociétales, réunit actuellement entre 15 et 20% des intentions de vote pour les prochaines élections régionales dans trois Länder d’ex-RDA : la Saxe, la Thuringe et le Brandebourg, prévues pour les 1er et 22 septembre.
Les médias télévisuels russes affiliés au Kremlin ont rapidement relayé les déclarations de Dmitri Medvedev, ancien chef du Kremlin et actuel vice-président du conseil de sécurité russe. Il a expliqué publiquement, en analysant le sommet de l’OTAN à Washington, que l’objectif devait être de rendre « la trajectoire irréversible », soit que l’Ukraine cesse d’exister, soit que l’OTAN se disloque.
Sergueï Ryabkov, vice-ministre des affaires étrangères russe, a également averti que la Russie élaborerait une réponse militaire de manière calme et mesurée face à la nouvelle menace. Le journal Kommersant, reconnu pour sa ligne éditoriale libérale, a noté que les États-Unis n’avaient pas installé de systèmes similaires en Europe depuis les années 80. C’est également la première fois depuis la guerre froide que des systèmes d’armes en mesure d’atteindre la Russie seront déployés en Allemagne. Ryabkov a condamné cette menace, décrivant ce déploiement comme un nouvel acte d’escalade et une tactique d’intimidation typique de la politique américaine et de l’OTAN à l’encontre de la Russie.
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