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11 juillet 2024 13 h 11 min

Prisons françaises et dérèglement climatique

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Les prisons françaises ne sont pas adaptées pour faire face aux effets extrêmes du changement climatique, selon un rapport de Notre affaire à tous, publié le 11 juillet. Durant l’été 2022, par exemple, la température a atteint 39 °C dans les cellules de la prison de Nîmes, tandis qu’à Dunkerque, il était impossible de se doucher pendant la journée en raison de fortes chaleurs. Ces conditions, y compris les éventuelles canicules, inondations et incendies, exacerbent la peine des détenus, un phénomène décrit comme une « double condamnation ».

L’étude met en garde contre l’exposition accrue des détenus, de leurs familles et du personnel pénitentiaire aux risques climatiques, et souligne que cela enfreint les droits de l’homme et constitue un obstacle majeur à la réintégration post-carcérale. Chloé Lailler, juriste en droits humains et coordinatrice du rapport, critique le fait que les prisons soient négligées dans les politiques environnementales.

En réponse, l’administration pénitentiaire a déclaré au Monde qu’elle a entamé un « projet prospectif » pour identifier de possibles stratégies d’adaptation pour les établissements pénitentiaires à intégrer dans le prochain plan national d’adaptation au changement climatique.

Cependant, Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, estime que la situation dans les prisons est si préoccupante et désolante qu’il est pratiquement impossible d’y envisager une adaptation efficace au changement climatique.

Durant une période de deux ans, l’ONG Notre Affaire à Tous a étudié attentivement les 188 prisons françaises abritant près de 78 000 prisonniers. Ils ont associé la position géographique de ces établissements avec l’évaluation de neuf risques climatiques et environnementaux potentiels qui pourraient affecter les prisons (comme les canicules, la pollution des sols, etc.) et huit facteurs aggravants. Ces derniers incluent la surpopulation dans les prisons, le délabrement des bâtiments, et des problèmes d’accès à l’eau, qui augmentent la vulnérabilité des prisonniers. « Auparavant, nous avons eu une compréhension empirique et intuitive. Ce rapport vient sceller le sujet de manière concrète », a déclaré Vincent Delbos, un magistrat émérite et membre du comité pour la prévention de la torture du Conseil de l’Europe. L’étude, complétée par une fiche descriptive pour chaque établissement, invite à « donner la priorité à leur fermeture, leur rénovation ou leur aménagement ».

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