Catégories: Actualité
|
11 juillet 2024 15 h 06 min

Lorsque les vins de l’Etna s’éveillent

Partager

Dans « Voyage en Italie », écrit en 1786, Goethe exprimait son amour pour la Sicile, déclarant : « L’Italie ne peut être comprise sans voir la Sicile. La Sicile est la clé de tout. » On peut se demander ce que l’écrivain, qui a passé de nombreux séjours à Taormine, près de Catane, penserait des vins du vignoble de l’Etna qui, ces dix dernières années, ont surpassé bon nombre de leurs compétiteurs italiens. Peut-être que ce vignoble du Sud, qui lutte depuis longtemps contre des conditions météorologiques rigoureuses, est lui aussi devenu une « clé » pour les régions du Nord.

L’engouement mondial actuel pour les vins de l’Etna semble confirmer cette théorie. Selon Alessandro Malfitana, le sommelier en chef de l’Hôtel San Domenico à Taormine, qui possède une vue spectaculaire sur le volcan, « Ces vins dégagent une fraîcheur inattendue. Ils sont digestes, élégants et authentiques. Ils ont aussi une certaine rudesse primitive et une fougue qui les rendent uniques. Parfois, nos clients du restaurant pensent qu’ils dégustent un pinot noir de Bourgogne quand je leur sers un vin de l’Etna. Les rouges de l’Etna ont une robe très similaire. »

Natif du village de Linguaglossa, dans le vignoble de l’Etna, Alessandro Malfitana est un expert en la matière. Après avoir obtenu son diplôme de sommelier et passé plusieurs périodes professionnelles à Londres, il a choisi de retourner sur son île d’origine pour défendre fièrement ses valeurs et ses saveurs.

L’Etna, le plus haut volcan d’Europe (3 350 mètres) qui émet constamment de la fumée, attire de plus en plus de vignerons. Ces derniers voient chaque éruption comme un moyen de renouveler la terre riche en minéraux et le soufre dégagé par le volcan sert de protection naturelle pour les vignes contre les maladies. Parmi ces vignerons, on compte le Toscan Marc De Grazia, qui a établi son commerce ici en 2022 avec environ cinquante hectares de vigne, appelant l’Etna la « Bourgogne de la Méditerranée ». Le Piémontais Angelo Gaja a également été attiré par le volcan sicilien et, en 2017, il s’est associé avec le vigneron Alberto Graci pour créer un petit vignoble.

Malgré les tremblements de terre occasionnels, le volcan accueille plus de trois cents vignerons, qui partagent ses pentes peuplées de vignes sur plus de 3 000 hectares. Ces terres sont devenues si précieuses qu’il est quasiment impossible de trouver des vignes à vendre. Si certaines se libèrent, les prix sont très élevés, l’hectare ayant augmenté de 15 000 à 150 000 euros au cours des deux dernières décennies.