L’objectif principal, selon Nicolas Duvoux, sociologue et président du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE), est d’éviter un nouveau soulèvement à la manière des « gilets jaunes » chaque fois que des progrès sont faits sur la transition écologique. À cet effet, le CNLE, une instance représentative travaillant en tandem avec le premier ministre, a présenté un rapport de 319 pages au gouvernement fin juin. Le rapport, intitulé « Faire de la transition un levier de l’inclusion sociale – L’impact social de l’écologie » a été conçu dans un atelier interactif.
En effet, dès 2021, le CNLE a pris l’initiative de cette question en adoptant une approche participative qui fait écho à la convention citoyenne pour le climat. Parmi les collaborateurs figuraient des personnes touchées par la pauvreté et la précarité, représentant la moitié des membres du CNLE, des chercheurs de l’Ademe et du CNRS notamment, ainsi que des représentants d’associations et d’institutions. Sonia Benmaa, une mère célibataire de 39 ans de Marseille, a participé activement et avec enthousiasme à ces travaux. Elle a confié : « J’étais très inquiète pour l’environnement, mais je remarquais que les personnes les plus modestes sont souvent ignorées dans les politiques de transition : une femme de ménage qui commence son travail à 4 heures du matin ne peut pas utiliser les transports en commun. Ceux qui ont déjà du mal à boucler leurs fins de mois n’ont pas les moyens de changer de voiture pour pouvoir circuler dans les zones à faibles émissions. »
Le rapport souligne une réalité préoccupante : les foyers à revenu faible ou modeste sont les plus vulnérables face aux défis climatiques, étant plus exposés aux pollutions et canicules tout en ayant un accès limité à la nature et aux espaces verts. Bien que leur empreinte carbone soit généralement inférieure à celle de la population générale, la plupart du temps contrainte et non choisie, leur participation à la transition écologique reste un défi, en raison de l’absence d’options alternatives et d’une faible marge de manœuvre financière.
Selon une étude menée par l’Ademe pour le rapport, les ménages à revenu faible ou modeste ont peu d’accès à des produits et services à faible impact environnemental, soit parce qu’ils n’existent pas, soit parce qu’ils sont trop chers. Pire encore, ces ménages pourraient être sévèrement touchés par les politiques de transition écologique, surtout celles axées sur la décarbonation. Actuellement, les taxes sur l’énergie (carburant, chauffage, etc.) représentent 4,5% du revenu annuel total des 20% les plus pauvres (même après avoir pris en compte le chèque énergie dont la plupart bénéficient), contre 1,3% du revenu des 20% les plus riches. L’article complet est à lire pour les abonnés, la moitié (49.3%) restant à découvrir.
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