Lors d’un gala officiel pour célébrer l’indépendance de la Biélorussie le 3 juillet, Alexandre Loukachenko, le leader du pays, a fait une annonce qui a laissé tous les participants étonnés. Il a révélé que les détenus atteints de « maladies très graves », notamment le cancer, pourraient bénéficier d’une libération prochaine, suite à une loi d’amnistie qu’il a signée sans tarder. Depuis lors, dix-huit individus dont quatre sont des femmes, ont été libérés et d’autres pourraient suivre dans les prochains jours ou semaines. « L’humanité doit être notre guide », a-t-il justifié. Le dictateur n’a cependant pas donné le chiffre exact des détenus qui pourraient bénéficier de cette mesure.
Le 3 juillet a également vu la libération de Ryhor Kastoussev, un ex-leader du Front populaire biélorusse âgé de 67 ans, qui avait purgé plus de trois ans de sa peine de dix ans pour « complot visant à usurper le pouvoir de l’État ». Ses conditions de détention, y compris plusieurs transferts dans une cellule disciplinaire, ont resulté à une détérioration de sa santé et il a été diagnostiqué avec le cancer.
Plusieurs prisonniers politiques, y compris Ksenia Loutskina, une ancienne animatrice de la télévision d’État condamnée à huit ans de prison, et Rouslan Sloutsky, un activiste d’opposition emprisonné pour onze ans pour avoir saboté une route lors d’un rassemblement pro-gouvernemental en novembre 2020, suite à la élection controversée d’Alexandre Loukachenko, souffrent du cancer. Il reste incertain si ces individus ont été libérés, car les défenseurs des droits de l’homme n’ont pas révélé l’identité de ceux qui ont été libérés pour ne pas mettre en danger leur sécurité ou le processus en cours.
En Biélorussie, plus de 1400 prisonniers politiques subissent des mauvais traitements et de la torture systématique, selon les informations de l’ONU. Selon Viasna, une ONG pour la défense des droits humains, six personnes sont déjà décédées en prison et de nombreux détenus souffrent de problèmes de santé graves sans assistance médicale. D’après les données des forces démocratiques biélorusses en exil, plus de 250 prisonniers politiques sont dans un « état de santé critique » et leur vie est en « grand danger » en prison, à compter du 13 juin. Parmi ces prisonniers, 91 souffrent de maladies sévères, 16 sont handicapées, 10 présentent des troubles mentaux, 23 sont mineurs et 65 ont plus de 60 ans. L’intensification de la pression est une préoccupation majeure.
La justification derrière l’amnistie présidentielle demeure ambiguë. Artyom Shraibman, un chercheur au Carnegie Russia Eurasia Center, souligne que bien que la raison officielle soit humanitaire, cela n’est pas tout à fait vrai. Les groupes de défense des droits de l’homme affirment que la majorité des libérés ne présentaient pas des problèmes de santé critiques, malgré le fait que les conditions carcérales ne soient guère propices à une bonne santé. Il précise qu’il est encore prématuré pour spéculer, on doit attendre pour découvrir la vérité. D’autres experts pensent que c’est une tentative de la part de M. Loukachenko, de prouver son bon vouloir envers l’Europe à bas prix dans le but d’alléger les sanctions contre la Biélorussie, alliée principale de Moscou dans le conflit ukrainien. Quelques jours avant la proclamation de cette loi d’amnistie, l’Union européenne avait mis en place de nouvelles sanctions économiques contre le pays.
Il reste à lire environ 21.22% de l’article, qui est accessible uniquement aux abonnés.