Leurs noms sont Anthony Sirius, Manoah Labranche, Lorenzo Diaz, Hugo Matias et Antoine Blanco. À travers leurs publications grandioses de cigares, montres de luxe, voitures haut de gamme et séjours à Dubaï sur les médias sociaux, ces jeunes entrepreneurs vantent un commerce prospère qui implique de « gérer » les comptes de créatrices de contenu sur la plateforme américaine OnlyFans ou son homologue français Mym. Cette activité capitalise sur l’essor significatif de ces deux plateformes sociales érotiques suite à la pandémie de Covid-19 et porte le nom de l’OFM, l’acronyme de OnlyFans Management.
Émanant d’un marketing audacieux, l’OFM cible principalement les hommes dans la vingtaine. Ces entrepreneurs, qui se disent avoir « commencé de rien », exhibent sans hésitation leur réussite sur leurs canaux sociaux, promettant ainsi « l’indépendance financière », un synonyme d’enrichissement rapide dans le confort de leur maison ou appartement, derrière un écran.
Dans ce rôle d’intermédiaire, les gestionnaires s’occupent de l’acquisition de trafic et de la gestion des relations clients pour des « modèles », dont la tâche consiste à publier du contenu érotique et pornographique. Donc, théoriquement, l’OFM répond à un besoin concret : Grâce à leur succès sur ces plateformes, les créatrices – majoritairement des femmes – admettent elles-mêmes avoir parfois du mal à gérer tous les aspects de leur profession simultanément.
« 5 000 euros par mois en quatre-vingt-dix jours »
Selon eux, l’OFM est une activité exceptionnellement rentable car, en retour des services de son « manager », le modèle reverse entre 30% et 60% de ses revenus sur la plateforme. Anthony Sirius, basé à Dubaï, qui n’avait pas répondu aux demandes du Monde au moment de la publication de cet article, se vante d’être multimillionnaire à seulement 23 ans. De son côté, Antoine Blanco promet « 5 000 euros par mois en quatre-vingt-dix jours » grâce à l’OFM.
Pour générer le plus de trafic possible et attirer le client, toutes les stratégies sont valables. « On peut créer de faux comptes, des bots sur X et Tinder qui fonctionnent 24 heures/24 et redirigent vers le compte OnlyFans du modèle », explique Manoah Labranche, 21 ans, directeur de plusieurs entreprises, dont Fortumedia, l’une des premières de ce secteur en France. La majeure partie des managers emploient ensuite des « chatteurs », des sous-contractants chargés de parler avec les clients au nom du modèle. C’est un métier qui est souvent délocalisé dans des pays où les coûts du travail sont inférieurs, par exemple à Madagascar.
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