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10 juillet 2024 9 h 12 min

« Bilan Attaque Hôpital Ukraine: 43 Morts »

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La couverture en direct de cet événement a été assurée par Minh Dréan, Jean-Philippe Lefief, Anna Villechenon, Glenn Cloarec et Pierre Bouvier. Nous vous invitons à lire tous nos articles, reportages et analyses sur la guerre en Ukraine.

Nous avons couvert divers aspects de la situation, notamment les recruteurs de Lviv mobilisés pour l’armée ukrainienne, la guerre devenant une réalité de long terme pour les Ukrainiens épuisés.

La Cour pénale internationale cible désormais l’ancien ministre de la défense russe et le chef d’état-major. La guerre en Ukraine semble être négligée durant les élections législatives de 2024.

Le processus complexe de restructuration de la dette ukrainienne est également abordé.

Nos articles répondent également aux questions les plus courantes. Nous examinons comment les drones sont utilisés par Moscou et Kiev.

La guerre des drones entre la Russie et l’Ukraine a évolué ces derniers mois. Un rapport d’un think tank britannique de défense publié en mai 2023 indique que l’Ukraine perd environ 10 000 drones par mois, soit plus de 300 par jour, sur les champs de bataille. Par comparaison, l’armée française compte un peu plus de 3 000 drones.

Les Ukrainiens et les Russes utilisent principalement de petits UAV civils à bas prix et en grande quantité. Ces drones sont utilisés pour observer les champs de bataille, guider les troupes ou les tirs d’artillerie. Certains sont même modifiés pour porter de petites charges explosives qui sont ensuite larguées sur les tranchées ou les blindés.

Les drones-kamikazes, bien que moins nombreux, jouent un rôle clé dans le conflit. Equipés de charges explosives, ces UAV sont lancés par-dessus la ligne de front, sans objectif prédéfini. L’arsenal de drones russes inclut le Lancet-3 fait maison ainsi que le Shahed-136 iranien. L’Ukraine, ne possédant pas une flotte de guerre suffisante, réplique avec des appareils maritimes pilotés à distance, tels que des kayaks miniatures chargés de 450 kilos de TNT.

Les Ukrainiens et les Russes reconnaissent l’importance de ces drones dans leurs opérations de guerre, cherchant à prolonger leur utilisation en acquérant des drones civils sur le marché et en développant leurs capacités de production locales. L’industrie des drones en Ukraine, qui en était à ses débuts lors de la guerre du Donbass il y a dix ans, s’est depuis intensifiée. En fin août, le ministère ukrainien de la transformation numérique a révélé la création d’une copie du drone russe Lancet, qui sera bientôt lancée sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre.

La Russie, quant à elle, est freinée par des sanctions occidentales qui restreignent son approvisionnement en composants électroniques. Néanmoins, les services de renseignement américains rapportent que Moscou aurait commencé à construire une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga, afin de fabriquer des drones-kamikazes de type iranien, comme le Shahed-136.

Le nombre de missiles en possession de l’armée russe reste un mystère. Les services de renseignement ukrainiens relaient des informations à ce sujet, mais ces dernières restent à vérifier.

D’après Andri Ioussov, porte-parole du GUR, qui s’est exprimé auprès de Liga.net, l’armée russe avait environ 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le déclenchement des hostilités, et ce chiffre se serait réduit à un peu plus de 900 au début de l’année. En plus de cela, il a ajouté que l’armée possède des milliers de missiles antiaériens S-300, qui ont une portée d’environ 120 kilomètres, ainsi qu’une grande quantité de S-400, une version plus récente avec une portée trois fois plus grande. En août, Vadym Skibitsky, adjoint au GUR, a mentionné le chiffre de 585 pour les missiles ayant une portée supérieure à 500 kilomètres.

Concernant la production, plusieurs experts estiment qu’elle serait passée à une moyenne d’une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois. En octobre dernier, le GUR avait estimé cette production à 115 unités.

La Russie aurait également acquis des missiles à courte portée auprès de l’Iran et de la Corée du Nord et continuerait de le faire. Reuters, se basant sur plusieurs sources iraniennes, rapporte que 400 missiles de type Fateh-110 (avec une portée de 300 à 700 kilomètres) auraient été livrés à la Russie depuis janvier, date à laquelle un accord aurait été signé. Le nombre de missiles nord-coréens que la Russie a acquis est inconnu, mais on sait que 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, selon le procureur général, Andriy Kostin. D’après des experts ayant analysé les débris et les trajectoires, il semblerait qu’ils soient probablement des modèles KN-23 et KN-24, avec une portée estimée à environ 400 kilomètres.

Quelle est la situation concernant les avions de chasse F-16 ?

En réponse à une requête à long terme du président ukrainien, les États-Unis ont approuvé le transfert de jets de combat F-16 vers l’Ukraine en août 2023. Il existe plus de 300 F-16 potentiels dans neuf pays européens, y compris la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, entre autres, mais pas tous ces pays sont en mesure de les céder immédiatement.

Volodymyr Zelensky a mentionné que 42 F-16 avaient été promis par les alliés occidentaux à Kiev, cependant, cette information n’a pas été vérifiée. Le Danemark a promis d’en fournir 19. Les premiers six ne seront livrés qu’à la fin de 2023, 8 supplémentaires suivront en 2024 et 5 autres en 2025, comme annoncé par la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également promis d’en fournir, ont 42 unités, mais ils n’ont pas spécifié combien ils prévoient d’en transférer.

Par ailleurs, les pilotes ukrainiens doivent être formés pour piloter ces jets de combat américains. Onze pays alliés de Kiev se sont engagés à former les pilotes. Selon l’OTAN, les soldats ukrainiens ne seront pas prêts à utiliser les avions pour le combat avant le début de 2024, tandis que d’autres experts estiment que cela se produira plutôt à l’été de la même année.

Quel type de soutien militaire les alliés de Kiev leur fournissent-ils?

Selon un récent rapport de l’Institut Kiel datant de février 2024, l’appui occidental envers Kiev semble s’essoufler deux ans suite à l’éruption de la guerre à grande échelle. Le volume des aides financières engagées a connu une baisse entre août 2023 et janvier 2024 par rapport à la même période l’année antérieure. Cette tendance pourrait persisté avec des difficultés rencontrées par le Sénat américain pour approbation de nouvelles aides et l’Union européenne (UE) ayant eu du mal à faire passer une aide de 50 milliards le 1er février 2024 à cause d’un blocage par la Hongrie. Cependant, ces deux nouveaux paquets d’aide ne sont pas encore inclus dans le dernier bilan de l’Institut Kiel qui s’est arrêté en janvier 2024.

Le rapport de l’Institut allemand révèle une réduction du nombre de donateurs qui se recentre sur une poignée de pays, à savoir: les États-Unis, l’Allemagne et les pays du nord et de l’est de l’Europe, qui s’engagent à apporter des aides financières significatives et des armements modernes. Depuis février 2022, les pays favorable à Kiev se sont engagés à concourir à hauteur d’environ 276 milliards d’euros en aides, militaires, financières ou humanitaires.

La générosité est proportionnelle à la richesse des pays donateurs. Les États-Unis arrivent en première place avec plus de 75 milliards d’euros d’aide promise, dont 46,3 milliards sont destinés à des aides militaires. Les pays de l’Union européenne ont promis à la fois des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) et des aides collectives provenant des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), pour un total de 158,1 milliards d’euros.

Lorsqu’on mesure les contributions en termes de produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, le classement subit des modifications. Les Etats-Unis, par exemple, se retrouvent en vingtième position (0,32% de leur PIB), derrière des pays limitrophes de l’Ukraine ou d’ex républiques soviétiques qui sont alliés. L’Estonie domine le classement d’aide proportionnelle au PIB avec 3,55%, devancée par le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). La Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%) complètent le top 5. Les trois États baltes, tous ayant des frontières avec la Russie ou son partenaire la Biélorussie, comptent parmi les donateurs les plus généreux depus le commencement du conflit.
En se basant sur le pourcentage du PIB, la France se positionne en vingt-septième place, ayant engagé seulement 0,07% de son PIB, juste après la Grèce (0,09%). L’assistance apportée par la France a diminué régulièrement depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France se classait vingt-quatrième en avril 2023, et treizième à l’été 2022.
Qu’entend-on à propos des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Depuis quelques temps, l’Ukraine et la Pologne entretiennent des rapports tendus, principalement en raison du transit de céréales ukrainiennes. En 2022, dans le but d’encourager l’exportation et la distribution de produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen Orient, sans imposer de frais douaniers, l’Union européenne avait instauré des « corridors de solidarité ». Néanmoins, environ 50% des céréales ukrainiennes se dirigent vers l’Union européenne, déclare la Fondation Farm, une institution engagée dans l’étude des problématiques agricoles mondiales. Cela résulte d’un prix nettement inférieur comparé à celui du blé produit au sein de l’UE, en particulier dans les pays d’Europe centrale.

Suite à ces observations, cinq pays – Pologne, Bulgarie, Hongrie, Roumanie et Slovaquie – ont mis en place un embargo sur leurs importations en avril 2023, dans le but de stabiliser leur marché local et protéger le revenu de leurs agriculteurs. Cet embargo, bien que toléré par Bruxelles, devait permettre le transit des céréales vers d’autres pays et ne devait durer que quatre mois. Cependant, insatisfaite de la résolution du problème, la Pologne a opté pour le maintien du blocage des céréales ukrainiennes à sa frontière à la fin de l’été. Une décision contrastant avec celle de Bruxelles qui n’y voyait plus de justification, arguant qu’aucune distorsion des marchés nationaux des céréales n’était observable.

Depuis un certain temps, la frontière entre l’Ukraine et la Pologne est bloquée par des agriculteurs polonais qui empêchent les camions venant de l’Ukraine de pénétrer sur leur territoire national. Ils exigent une interdiction totale des produits agricoles et alimentaires ukrainiens. Ils s’insurgent principalement contre la hausse de leurs coûts de production, la saturation de leurs silos et entrepôts, et la baisse des prix. Selon le président ukrainien, au début de 2024, le blocus de la frontière polonaise est un signe de l’affaiblissement de la solidarité envers l’Ukraine, et il a demandé des discussions avec la Pologne. Selon lui, ces tensions font le jeu de Moscou, comme en témoignent la montée des slogans pro-Poutine.