La victoire de la gauche lors des élections législatives est incontestable. En ajoutant les 13 candidats de partis indépendants de gauche aux 182 membres de gauche élus du nouveau Front Populaire, la gauche détient 195 sièges. C’est 27 de plus qu’Ensemble, 52 de plus que le Rassemblement National (RN) et ses partenaires, Les Républicains (LR). Malgré un gain net de 44 sièges depuis 2022, la gauche ne surpasse pas l’extrême droite qui a gagné 54 sièges supplémentaires. Cependant, la gauche est considérée comme le véritable vainqueur, non seulement pour avoir défié les attentes, mais aussi parce qu’elle est en position de diriger le gouvernement.
Le succès de la gauche en 2022 et désormais est attribué à deux stratégies principales. Premièrement, une stratégie commune, rassemblant un programme et des candidats unifiés. Pour rappel, un tel accord mutuel, partageant les circonscriptions dès le premier tour, était inédit en terme historique. Malgré une campagne européenne conflictuelle, sa réimplémentation n’était pas garantie et aurait pu mener à plusieurs dissensions.
Deuxièmement, la gauche a réussi grâce à la politique du front républicain. La gauche a adhéré à cette politique avec peu d’exceptions, contrairement au parti présidentiel qui l’a adoptée tardivement, et à Les Républicains qui ne l’ont presque pas employée. Apparaissant comme la force la plus résistante face au RN, la gauche n’a pas hésité à sacrifier ses candidats face à des politiciens adversaires reconnus tels que Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, ou Laurent Wauquiez, président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Le combat contre le racisme, la xénophobie et l’extrême droite a une fois de plus démontré sa puissance pour unir et mobiliser les gens. Cette réussite est en grande partie due aux nombreux appels et actions lancés par les syndicats, les associations, la presse de gauche, qui ont généré une forte implication tant sur les réseaux sociaux que sur le terrain. Des groupes WhatsApp se sont formés partout, regroupant militants expérimentés et citoyens non membres désireux de résister. Par ces actions, la gauche a prouvé qu’elle était toujours une force à compter.
Cependant, ce succès est quelque peu décevant. Non seulement il est loin d’être majoritaire, mais il repose aussi sur un électorat politiquement hétérogène et fragile, et sur une base sociologique qui n’atteint pas assez le peuple. Bien que la présence de la gauche soit notable dans les banlieues des grandes villes, où vivent principalement des locataires de logements sociaux et des habitants d’origine étrangère, ainsi que chez les moins de 35 ans, cela ne doit pas occulter sa perte de soutien au sein des classes populaires et moyennes.
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