La justice a récemment mis en lumière un aspect jusqu’alors inconnu de l’enquête concernant le retrait de Ziad Takieddine, qualifiée de « théâtre d’ombres ». Il s’agit du rôle qu’aurait joué Carla Bruni-Sarkozy dans l’opération dite « Sauver Sarko ». Après une journée de témoignage devant les juges d’instruction, l’épouse de l’ex-président Nicolas Sarkozy a été mise en examen le mardi 9 juillet pour « recevoir des informations incriminées pour subornation de témoin » et « participation à des activités criminelles en vue de commettre des fraudes organisées en jugement », selon des informations judiciaires fournies au Monde. En revanche, elle a obtenu le statut de témoin assisté concernant l’accusation d' »association de malfaiteurs dans le but de corrompre le personnel judiciaire étranger » au Liban. Mme Bruni-Sarkozy a aussi été mise sous surveillance judiciaire, lui interdisant de communiquer avec tous les acteurs de cette affaire (à l’exception de Nicolas Sarkozy).
Il est suspecté que l’ancienne première dame ait fait le pont entre son mari et son amie Michèle Marchand (alias Mimi Marchand), une figure de la presse à scandale soupçonnée d’avoir orchestré le retrait soudain et publicisé de l’un des principaux détracteurs de Nicolas Sarkozy dans l’enquête sur le financement présumé libyen de sa campagne de 2007.
Le conseil de Carla Bruni-Sarkozy, Me Paul Mallet, n’a pas donné suite lorsqu’il a été contacté.
Dans l’affaire du financement de sa campagne électorale de 2007, Nicolas Sarkozy subit sa quatrième mise en examen en octobre 2020. Mimi Marchand est suspectée d’initier l’opération « Sauver Sarko ». Elle se déplace au Liban, où vit Ziad Takieddine suite à sa condamnation en France au mois de juin 2020 sur l’affaire de Karachi, accompagnée par des journalistes et des médiateurs dans le but de capturer les images de son changement d’opinion. Jusque-là, Takieddine affirmait qu’il avait fourni des fonds libyens à la campagne de Sarkozy, mais il nie ces transferts face à la caméra. L’interview, publiée initialement sur Paris Match et BFM-TV, n’a pas eu beaucoup de retombées.
L’équipe de Mimi Marchand explore d’autres stratégies. La première consiste à utiliser la voie judiciaire en faisant signer un document officiel à Ziad Takieddine devant un notaire en décembre 2020, cependant, sans résultat. La seconde option, plus discrète, consiste à essayer de verser de l’argent en mai 2021 à des officiels libanais pour obtenir la libération d’Hannibal Kadhafi, fils du feu dictateur libyen, qui est emprisonné au Liban, dans l’espoir que la famille Kadhafi disculpe Nicolas Sarkozy. Par la suite, Ziad Takieddine affirmera qu’on lui avait promis plusieurs millions d’euros en échange de sa rétractation, mais qu’il n’en a reçu que quelques milliers et reviendra par la suite à ses accusations d’origine.
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