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9 juillet 2024 17 h 06 min

« Déséquilibre boursier à Wall Street par S&P500 »

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Formellement, tout fonctionne parfaitement. Wall Street a présenté une image d’une superbe santé au cours du premier semestre : l’indice boursier S&P 500, représentant les grandes firmes des États-Unis, a connu une hausse de 17 % dès le début de l’année, alors que le Nasdaq, où s’inscrivent les sociétés technologiques, a grimpé de plus de 21 %. L’éventualité d’une diminution des taux a été décalée à cause de l’inflation constante, mais le flot vers l’intelligence artificielle (IA) a stimulé le marché boursier.

En vérité, le marché est déséquilibré de manière effroyable, poussé par les géants de la cotation. Si on attribuait à chaque entreprise du S&P 500 le même poids, il n’aurait augmenté que de moins de 4 %. L’économie américaine est dominée par des titans, avec les dix premières sociétés représentant 35 % de l’indice, pendant que la grande majorité des autres entreprises stagnent sur le marché boursier.

Le prodige de l’année est Nvidia, le producteur de microprocesseurs, qui est devenu brièvement l’entreprise la plus précieuse du monde. Sa valeur a été multipliée par 2.5 depuis janvier jusqu’à atteindre désormais 3 160 milliards de dollars (soit 2 915 milliards d’euros). Microsoft vaut 3 420 milliards de dollars (+ 24 %), Apple est à 3 400 milliards (+ 17 %), Amazon à 2 000 milliards (+ 32 %), Alphabet à 2 300 milliards (+ 36 %) et Meta à 1 300 milliards (+ 52 %). Ces pionniers de l’IA sont estimés à des prix élevés : Nvidia à 47 fois les bénéfices attendus, selon Schwab le courtier, Amazon à 43, Microsoft à 40, Apple à 33, Meta à 25 et Google à 25. Les investisseurs semblent quelque peu déconcertés.

Le secteur des semi-conducteurs a déjà commencé à régresser, avec même une réduction de 10 % pour Nvidia, toutefois, les prix restent exceptionnellement hauts. On observe deux théories contradictoires. La première suggère que nous sommes en présence d’une bulle Internet de type 2000 : l’IA a un potentiel énorme, mais le marché a peut-être surestimé sa valeur, comme ce fut récemment le cas pour les énergies renouvelables. La deuxième théorie présuppose une nouvelle période du capitalisme, caractérisée par de grandes entreprises qui rappellent les empires du XIXe siècle, tels que Carnegie pour l’acier, Rockefeller pour le pétrole, Edison pour l’électricité et J.P. Morgan pour la banque.
L’intelligence artificielle nécessite des capitaux importants, les géants du secteur semblent donc prendre le contrôle, forçant des start-ups révolutionnaires comme OpenAI ou Mistral AI à dépendre de Microsoft. Leurs résultats semestriels, qui seront publiés au calme en août, apporteront un peu de clarté.
Pendant ce temps, les investisseurs sont un peu perdus. Dans quel domaine investir alors que l’économie et les consommateurs montrent des signes de faiblesse ? Lisa Shalett, stratégiste chez Morgan Stanley, se demande si les « valeurs refuge » sont vraiment un refuge, notant que les actions sont évaluées à 21 fois leurs profits, comparativement à 16 habituellement. Traditionnellement, les biens de consommation s’en sortent bien. Mais est-ce une bonne idée lorsque les consommateurs se mettent à acheter du papier toilette à bas prix en raison de fins de mois difficiles, entraînant une pression sur les marges ?
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