Pour contenir les débordements fréquemment sanctionnés de l’animateur-producteur contesté, Cyril Hanouna, la chaîne C8 a accepté, le mardi 9 juillet, devant l’Arcom, d’instaurer un délai de diffusion de quinze à quarante-cinq minutes pour l’émission « Touche pas à mon poste », qu’il anime. Gérald-Brice Viret, directeur général de Canal+ France, l’entité parente de C8, a affirmé lors de son audition devant le régulateur de l’audiovisuel que « C8 s’engage à introduire un nouveau protocole pour assurer le contrôle de sa diffusion », lors de la rénovation de quinze fréquences de télévision numérique terrestre (TNT).
La durée exacte du délai de diffusion reste cependant encore à définir. Les dirigeants doivent se mettre au point sur ce détail. Gérald-Brice Viret a reconnu que « Tous les différents manquements se situent dans cette émission », et que la décision d’un délai de diffusion a été prise « en accord avec Cyril Hanouna ». « Ce sera à contrecoeur », a souligné le président du groupe Canal+, Maxime Saada. Ce dernier a également estimé que « Cyril Hanouna est le seul capable de réaliser autant d’émissions en direct dans la journée. Les autres n’en sont pas capables. (…) C’est une force ».
« La diffusion en direct a aidé à faire de C8 la première chaîne de la TNT. Et je ne vais pas vous sortir des chiffres, des détails, et ensuite vous dire que nous sommes les premiers chez les 47-50 ans dans le Gard. Non. C8 est bel et bien la première chaîne de la TNT aujourd’hui. Elle rassemble plus de 9 millions de téléspectateurs chaque jour », a décrit Maxime Saada, en différenciant la TNT des « chaînes hertziennes » comme TF1.
Un record de sanction à hauteur de 3,5 millions d’euros.
Arcom, l’autorité de régulation de l’audiovisuel, a convoqué pour une audition mardi matin la chaîne appartenant à l’empire du magnat conservateur Vincent Bolloré. Cette chaîne, qui a fait l’objet de sanctions fréquentes de la part de l’organe régulateur, a cumulé des amendes dépassant les 7,5 millions d’euros au cours des dernières années, principalement à cause des controverses générées par son animateur vedette.
La part la plus importante de ces amendes provient d’une sanction record de 3,5 millions d’euros infligée en février 2023, suite aux insultes proférées par Cyril Hanouna à l’encontre du député de La France insoumise (LFI), Louis Boyard, dans l’émission « Touche pas à mon poste ». La dernière amende imposée, de 50 000 euros, remonte à mi-juin, et est liée à un épisode où des individus handicapés étaient faussement présentés comme des toxicomanes accros à la « drogue du zombie ».
Ces infractions ont fait de C8 et CNews, toutes deux propriétés du groupe Vivendi, contrôlé par Vincent Bolloré, des sujets de préoccupation lors du processus de renouvellement de certaines fréquences de la TNT. C8 est particulièrement sous le feu des projecteurs, des voix se faisant entendre tant au sein du monde politique que culturel pour mettre un terme aux débordements en la privant de fréquence TNT. Franck Appietto, le directeur général de C8, a laissé entendre que Cyril Hanouna, si celui-ci quittait la chaîne, ferait son retour rapidement, ayant déjà reçu « des propositions » de chaînes concurrentes.
Quinze chaînes sont actuellement en jeu.
Du lundi jusqu’au 17 juillet, l’Arcom auditionne 24 candidats qui souhaitent obtenir l’un des quinze canaux disponibles. Ces candidats comprennent, soit des chaînes de télévision déjà existantes telles que BFM-TV, LCI, W9, entre autres, ou bien des prétendants inédits comme RéelsTV qui est un projet de Daniel Kretinsky, un milliardaire tchèque, et Ouest-France TV.
Au printemps dernier, Aurélien Saintoul (LFI), qui est le rapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur les fréquences TNT, avait mis en doute la possibilité de renouveler les autorisations de diffusion des chaînes CNews et C8 sous leur forme actuelle. CNews, la chaîne d’information continue, qui a surpassé BFM-TV en mai et en juin, devra passer son audition lundi prochain.
L’Arcom a le pouvoir d’enlever la fréquence d’une chaîne en cas de violations graves de ses obligations. Cependant, comme le président du régulateur audiovisuel, Roch-Olivier Maistre, l’a souligné en février, cette « sanction suprême » est utilisée de manière très modérée. Les chaînes TMC, TFX et LCI (groupe TF1) seront aussi auditionnées mardi.
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