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« Paul Nthenge Mackenzie jugé pour terrorisme au Kenya »

Le leader d’un groupe évangélique apocalyptique kényan, Paul Nthenge Mackenzie, a été jugé pour terrorisme à partir du 8 juillet, à la suite du décès tragique de plus de 440 de ses disciples, dans ce qui est maintenant connu sous le nom de « le massacre de Shakahola ». Cet événement a bouleversé non seulement le Kenya, mais aussi le monde entier. Le procès a eu lieu dans le grand port de Mombasa, où Mackenzie et 94 autres personnes ont été présentées devant la juge principale, Leah Juma.

Peu après le début des audiences, la juge a demandé aux journalistes de quitter la salle afin qu’un témoin protégé puisse témoigner. Mackenzie, qui a été arrêté en avril 2023, est accusé d’avoir incité ses disciples à jeûner jusqu’à leur mort, dans le but de « rencontrer Jésus » avant l’apocalypse qu’il avait prédire pour 2023. Les décès ont eu lieu sur une période de plusieurs années. Mackenzie ainsi que les autres accusés, qui comprennent 55 hommes et 40 femmes, ont tous déclaré qu’ils n’étaient pas coupables d’accusations de terrorisme lors d’une audience en janvier. Ils sont également accusés de meurtre, d’homicide involontaire, de séquestration, de torture d’enfants et de cruauté dans des affaires distinctes.

Dans cette affaire choquante, les restes de plus de 440 individus ont été récupérés dans un endroit isolé proche de la ville côtière de Malindi, située dans le sud-est du Kenya. D’après les autopsies, il a été constaté que la majorité des victimes sont mortes de faim, mais d’autres ont été asphyxiées, battues ou étranglées, y compris des enfants. Selon les documents judiciaires, des organes ont été retirés de certains corps.

Dans une déclaration officielle, l’institution judiciaire a révélé son intention d’amener 90 personnes à témoigner. Selon le communiqué, la poursuite présentera des preuves démontrant que les inculpés ne se comportaient pas uniquement comme un collectif extrémiste, ils fonctionnaient également comme une entreprise criminelle solidement structurée, se présentant sous le couvert d’une Eglise dirigée par M. Mackenzie.

Ce dernier, ancien conducteur de taxi, s’est lui-même livré à la police le 14 avril 2023. Après avoir été avisée par un proche d’une victime, la police est entrée dans la forêt de Shakahola, une grande région de brousse sur la côte kényane, où elle a retrouvé quatre cadavres et plusieurs personnes presque mortes de faim. Par la suite, des fosses communes ont été découvertes.

Le leader sectaire avait établi son « Eglise internationale de bonne nouvelle » en 2003, mais l’avait clôturée en 2019 et s’était installé dans la ville de Shakahola, où il préparait ce qu’il présentait comme l’apocalypse. En mars, suite à des mois d’un travail détaillé et incroyablement lent dû au manque de ressources, les autorités ont commencé à restituer les corp des victimes à leurs familles en deuil après les avoir identifiés par des tests ADN.

Malheureusement, les signaux d’alerte ont été négligés.

Un examen mené par une commission sénatoriale a souligné l’incompétence de la police locale et du système judiciaire, incapables de freiner les actions d’un pasteur malgré ses interpellations multiples pour des discours extrémistes. D’après un rapport élaboré en mars par la Commission nationale des droits humains du Kenya (KNCHR), les forces de l’ordre ont négligé divers signaux d’alarme à propos de la secte, y compris ceux d’une ancienne fidèle qui avait sollicité de l’aide via Facebook en novembre 2022. « Plutôt que de chercher à établir la vérité des problèmes évoqués, la femme a été intimidée après avoir été accusée de propager des accusations sans fondement », déplore la KNCHR. Par contre, une plainte du pasteur Mackenzie concernant des messages qu’il jugeait fallacieux a été reçue.

« Le carnage de Shakahola représente la plus grande défaillance sécuritaire dans l’historique de notre nation », avait déclaré en 2023 le ministre de l’intérieur, Kithure Kindiki, en s’engageant à des réformes pour « contrôler les pasteurs malhonnêtes ». Il a dévoilé que les 325 hectares de forêt seraient convertis en un « mémorial » en l’honneur des victimes. Seuls quelques dirigeants des services de sécurité ont été mutés depuis la divulgation du scandale.

Suite à cet incident, le président William Ruto a promis d’analyser les nombreux groupes religieux présents dans ce pays à majorité chrétienne en Afrique de l’Est. Cela a également mis en évidence les échecs dans les tentatives de régulation des églises et des sectes flirtant avec la criminalité.

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