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6 juillet 2024 17 h 11 min

« Russes boycottent JO Paris pour guerre »

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Les participants à cette diffusion en direct étaient Jacky Goldberg, Glenn Cloarec, Fatoumata Sillah, Cécile Bouanchaud et Mossane Faye. Nos différents articles, reportages et analyses sur la guerre en Ukraine sont à votre disposition pour lecture.

À Lviv, les recruteurs de l’armée ukrainienne laissent des rues vides dans leur sillage. Les Ukrainiens ont atteint le stade de réalisation choquant que la guerre n’est pas une course rapide mais un marathon épuisant.

L’ancien ministre de la défense russe et le chef d’état-major sont poursuivis par la Cour pénale internationale. La guerre en Ukraine semble négligée dans la campagne des législatives 2024. La restructuration de la dette ukrainienne est un processus délicat.

On vous apportera des réponses à vos questions les plus courantes. Comment les drones sont-ils utilisés par Moscou et Kiev ? La bataille de drones entre la Russie et l’Ukraine a augmenté de manière spectaculaire ces derniers mois.

Selon un rapport publié en mai 2023 par un groupe de réflexion britannique spécialisé en défense, les Ukrainiens perdent environ 10 000 drones chaque mois sur le champ de bataille, soit plus de 300 par jour. En comparaison, l’armée française a légèrement plus de 3 000 avions sans pilote dans ses stocks.

Les drones utilisés par les Ukrainiens et les Russes sont généralement de petits UAV (véhicules aériens sans pilote) d’origine civile, économiques et disponibles en grandes quantités. Ils sont utilisés pour observer le champ de bataille, guider les troupes et les tirs d’artillerie ; et parfois modifiés pour transporter de petites charges explosives, qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Les drones kamikazes, bien que moins nombreux, jouent un rôle crucial. Ils sont équipés d’explosifs et sont lancés sur la ligne de front sans cible préalablement définie. Les Lancet-3 russes et les Shahed-136 iraniens sont utilisés par Moscou. Malgré leur manque de flotte navale digne de ce nom, les Ukrainiens ripostent avec des véhicules maritimes télécommandés, des petits kayaks remplis d’explosifs (450 kilos de TNT).
Tant les Ukrainiens que les Russes ont pris conscience de l’importance des drones dans leurs stratégies de guerre, et ont adopté des mesures pour approvisionner leur troupes sur le long terme. Ils le font en achetant massivement des drones civils et en développant leurs propres capacités de production. Depuis le début de la guerre du Donbass il y a dix ans, l’industrie ukrainienne a gagné en puissance. Fin août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé la création d’un drone similaire au Lancet russe, qui sera prochainement en fonctionnement sous le nom de Peroun, dieu slave de la foudre et du tonnerre.
La Russie, freinée par des sanctions occidentales réduisant son approvisionnement en composants électroniques, a plus de difficultés. Néanmoins, selon les services de renseignement américains, Moscou aurait commencé à construire une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour produire des drones kamikazes d’origine iranienne, tels que les Shahed-136.
En ce qui concerne les stocks de missiles russes, il est extrêmement difficile, voire impossible, de déterminer leur état actuel. Les renseignements ukrainiens publient régulièrement des informations à ce sujet, mais leurs estimations sont souvent remises en question.

Andri Ioussov, un représentant de la direction du renseignement du ministère de la défense (GUR), mentionné par Liga.net, a déclaré que l’armée russe détenait 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le conflit et conservait plus de 900 au début de l’année. Ce total est complété par une dizaine de milliers de missiles antiaériens S-300, ayant une portée d’environ 120 kilomètres, et une réserve conséquente de missiles S-400, une version plus récente avec une portée triplée. Vadym Skibitsky, le deuxième en charge du GUR, a estimé en août que 585 missiles avaient une portée dépassant 500 kilomètres.

En ce qui concerne les capacités de production, elles auraient augmenté pour atteindre une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, selon divers experts. En octobre, le GUR a évalué cette production à 115 unités.

De plus, la Russie aurait acquis des missiles à courte portée en Iran et en Corée du Nord et continuerait à en acheter. D’après l’agence Reuters qui se référence sur plusieurs sources iraniennes, 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (portée de 300 à 700 kilomètres) auraient été livrés depuis janvier, date à laquelle un accord aurait été signé. Le nombre de missiles nord-coréens acquis par la Russie est inconnu, mais 24 ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, comme le souligne le procureur général, Andriy Kostin. D’après les analyses des débris et des trajectoires effectuées par les experts, il est probable qu’il s’agisse des missiles KN-23 et KN-24 avec une portée d’environ 400 kilomètres.

Qu’en est-il des avions de combat F-16 ?

En réponse à la requête de longue date du président ukrainien, les États-Unis ont autorisé, en août 2023, le transfert de l’inventaire de jets de combat F-16 vers l’Ukraine. Bien qu’environ 300 de ces avions soient répartis dans neuf pays européens comme la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas ainsi que le Portugal – pas tous les pays en possédant sont capables de les transférer immédiatement.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a prétendu que ses alliés occidentaux avaient promis 42 de ces avions à Kiev, mais aucune confirmation n’a été signalée. Le Danemark a assuré le transfert de 19 avions, avec les six premiers prêts pour livraison à la fin de 2023, suivis de huit autres en 2024 et de cinq de plus en 2025, selon les déclarations du premier ministre danois, Mette Frederiksen. Bien que les Pays-Bas, qui ont également promis un certain nombre d’avions, aient bien 42 appareils, ils n’ont pas précisé combien ils prévoient de donner.

En outre, les pilotes ukrainiens doivent recevoir une formation adéquate pour opérer ces avions de guerre américains. Onze alliés de Kiev se sont engagés à accompagner cette formation de pilotes. L’OTAN devine que les forces ukrainiennes ne seront capables de manœuvrer ces avions dans un environnement de combat qu’au début de 2024, même si d’autres analystes suggèrent plutôt l’été de cette même année.

Quelle est donc l’étendue de l’aide militaire que ses alliés fournissent à Kiev?

Deux années après le commencement de l’hostilité, l’élan de assistance occidentale à Kiev marque un recul considérable : l’engagement en nouvelles aides décroît durant le passage d’août 2023 à janvier 2024 comparativement à la période correspondante l’année antérieure, conforme au rapport le plus récent de l’Institut Kiel, publié en février 2024. Ce flux pourrait s’affaiblir plus encore, le Sénat américain éprouvant des difficultés à faire passer des aides, et l’Union européenne (UE) ayant à peine réussi à faire approuver une aide de 50 milliards le premier février 2024, due à l’opposition hongroise. Il est important de souligner que ces deux enveloppes d’assistance ne sont pas encore prises en compte dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, qui est daté de janvier 2024.

D’après les données de l’Institut allemand, le nombre de donateurs se restreint et se regroupe autour d’un noyau de nations : les États-Unis, l’Allemagne, et les pays nordiques et orientaux de l’Europe, qui garantissent à la fois un support financier élevé et des armements hautement technologiques. Au total, depuis le février 2022, les nations en faveur de Kiev se sont engagées à soutenir au moins 276 milliards d’euros sur le plan de l’armement, financier ou humanitaire.

En terme absolu, les pays les plus fortunés ont fait preuve de la plus grande générosité. Les États-Unis sont largement en tête en tant que donateurs, ayant promis plus de 75 milliards d’euros d’aide, dont une somme de 46,3 milliards destinée à une aide militaire. Les pays de l’Union européenne ont annoncé simultanément des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros), des aides collectives provenant des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), pour une somme totale de 158,1 milliards d’euros.

Quand on proportionne les dons par rapport au produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, la hiérarchie se modifie. Les États-Unis descendent à la 20e position (0,32% de leur PIB), en deçà de nombreux pays proches de l’Ukraine ou d’anciennes républiques soviétiques amicales. L’Estonie arrive en première position en termes de dons par rapport au PIB avec 3,55 %, suivie par le Danemark (2,41 %) et la Norvège (1,72 %). La Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %) complètent le top cinq. Les trois États baltes, tous limitrophes de la Russie ou de son alliée la Biélorussie, sont parmi les donateurs les plus généreux depuis le début du conflit.
En proportion de son PIB, la France vient en 27e position, ayant consacré 0,07 % de son PIB, juste après la Grèce (0,09 %). L’assistance de la France a constamment diminué depuis le début de l’incursion de la Russie en Ukraine – la France était 24e en avril 2023 et 13e à l’été 2022.
Qu’en est-il de la situation tendue à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Pendant plusieurs mois, la Pologne et l’Ukraine ont eu des relations tendues. Les tensions sont principalement dues au transit des grains en provenance d’Ukraine. Au printemps 2022, des « voies solidaires » ont été établies par la Commission européenne pour faciliter l’exportation et la vente des produits agricoles ukrainiens vers l’Afrique et le Moyen-Orient, sans taxes douanières. Cependant, selon la Fondation Farm, qui se focalise sur les problématiques agricoles mondiales, presque 50% des céréales ukrainiennes se dirigent ou terminent leur trajet dans l’Union européenne (UE). Ces grains sont beaucoup moins chers que le blé produit dans l’UE, surtout dans les pays d’Europe centrale.

En avril 2023, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont unilatéralement bloqué leurs importations, arguant que ces céréales déstabilisaient leur marché local et donc les revenus de leurs agriculteurs. Acceptée par Bruxelles, cette décision était cependant soumise à la condition qu’elle n’entrave pas le transit vers d’autres pays et qu’elle dure seulement quatre mois. Cependant, Varsovie a choisi de ne pas rouvrir sa frontière aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été, estimant que le problème de fond restait non résolu. Du côté de Bruxelles, on estimait que l’embargo n’était plus justifié car leurs analyses démontraient qu’il n’existait plus de distorsions de marché pour les céréales.

Les exploitants agricoles de Pologne sont en train de barricader la frontière Pologne-Ukraine pour interdire l’accès aux camions ukrainiens, exigeant un «ban total» sur les importations alimentaires et agricoles de l’Ukraine. Cette action est prise en réponse à leurs coûts de production qui grimpent, alors que les prix baissent et les stockages sont pleins à craquer. Le leader ukrainien a émis l’opinion, au commencement de 2024, que ce blocage de la frontière polonaise manifeste une «érosion de la solidarité» envers l’Ukraine, et a émis le souhait de dialoguer avec la Pologne. «Seule Moscou se réjouit de ces discordes», a-t-il déclaré, tout en critiquant également les apparitions de slogans clairement pro-Poutine.