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Beth Shapiro: Ressusciter le Dodo Paléogénétiquement

Beth Shapiro, une paléogénéticienne américaine de renom, prend la route pour l’île Maurice vers la fin de juin. Son motif de voyage dans l’océan Indien n’est pas pour se détendre à la plage, mais plutôt pour étudier le dodo, l’oiseau emblématique qui a disparu il y a presque quatre siècles. Elle prévoit d’investiguer les lieux possibles pour le ramener à la vie, ce qui pourrait, à son avis, déclencher une série de bénéfices pour toutes les espèces locales en péril à cause du changement climatique.

En tant que biologiste moléculaire renommé, spécialisée dans l’ADN ancien, Shapiro a récemment été embauchée par Colossal Biosciences. Cette entreprise se consacre à la biotechnologie et à l’ingénierie génétique, avec l’ambition de ressusciter des espèces disparues comme le dodo, le mammouth laineux et le loup de Tasmanie.

Lors de son séjour à Maurice, Shapiro a planifié des rencontres avec des représentants du gouvernement, des entrepreneurs et la Mauritian Wildlife Foundation, le principal organisme local de préservation des espèces. Elle discutera non seulement du dodo, mais aussi de son cousin, le pigeon rose (Nesoenas mayeri), une espèce rare sur laquelle elle se repose pour assembler le puzzle de la reconstitution de l’espèce disparue. C’est un projet controversé dont l’aboutissement reste incertain.

Avant le mois d’avril, Beth Shapiro occupait un poste d’enseignante au département d’écologie et de biologie évolutive de l’Université de Californie à Santa Cruz. En s’appuyant sur l’ADN ancien, ses recherches se concentraient sur comment les écosystèmes ont évolué au fil des changements climatiques. Sa décision de s’associer à Colossal Biosciences, une start-up créée en 2021 par l’investisseur Ben Lamm et George Church, un innovateur dans le domaine de l’édition génomique, a surpris ses pairs. En souriant, elle dit, « Certains ont dit que c’était une crise de la quarantaine. Il se peut qu’ils aient raison. »

A 48 ans, avec comme distinctions une bourse Rhodes pour étudier à l’Université d’Oxford qu’elle a remporté en 1999, et une Genius Grant de la Fondation MacArthur qu’elle a reçue dix ans plus tard, Beth Shapiro a suivi un parcours scientifique remarquable, souvent en dehors des chemins conventionnels. Elle recueillait des os de bisons fossilisés dans le permafrost de l’Arctique, une initiative considérée à l’époque comme audacieuse, car elle cherchait à extraire des séquences d’ADN à partir de matière organique morte depuis des dizaines de milliers d’années, dans le but de les reconstituer pour mieux comprendre l’évolution de divers écosystèmes. En 2022, son équipe a réussi a séquencer le génome du dodo.
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