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À Gaza, l’effondrement du quai humanitaire américain a eu lieu

Si l’on devait illustrer l’échec de la politique américaine à Gaza, l’exemple du quai construit sur la côte de la bande palestinienne en mai pour y acheminer de l’aide humanitaire serait parfait. À la fin de juin, pour la troisième fois, il a été tracté en sécurité au port israélien d’Ashdod en raison de son instabilité causée par de mauvaises conditions météorologiques, même si le vent n’est pas particulièrement fort dans cette région.

Des dirigeants américains ont laissé entendre à l’Associated Press que le quai pourrait ne jamais être replacé au large de Gaza. Cela signifierait l’abandon par les États-Unis de ce projet qui a coûté 212 millions d’euros et a obtenu un résultat minime : seules environ 4 000 tonnes de nourriture ont été distribuées dans la bande de Gaza, où près de 2 millions de personnes souffrent de faim. Cela ne représente qu’environ l’équivalent de 200 camions, soit demi de ce qui entrait chaque jour à Gaza avant la guerre.

« Ce projet était absurde dès le premier jour, rien de plus qu’une diversion. Les Américains auraient dû persuader Israël d’autoriser le passage des camions par la route depuis leur port d’Ashdod. En l’espace de deux mois, ce projet est devenu ridicule », déclare un haut responsable des Nations Unie. Le président américain, Joe Biden, avait lui-même annoncé ce projet le 7 mars, peu après le tragique événement connu sous le nom de « massacre de la farine », où un rare convoi de nourriture escorté par l’armée dans la métropole de Gaza avait été assailli par une foule en proie à la faim. Des soldats avaient tiré sur la foule, causant près de 120 morts, selon les autorités sanitaires locales. C’est un véritable aveu d’échec.

La capacité d’acheminement de l’armée américaine semble déjà très restreinte. Sa dépendance vis-à-vis des Israéliens pour assurer la sécurité de ses navires et de la côte où « aucun soldat américain » n’est censé atterrir est également un facteur limitant. Ce projet est donc un signe tangible de leur impuissance.

À cette époque, les États-Unis ont abandonné leur quête d’une résolution diplomatique efficace: la solution à deux États après la guerre n’est plus discutée. Leur unique focalisation est la libération éventuelle des otages par le biais d’un cessez-le-feu négocié avec le Hamas. En raison de la menace de famine, ils n’arrivent pas à persuader leur allié israélien de rouvrir les frontières terrestres de la région.

Mi-avril, le Programme alimentaire mondial (PAM) est sollicité pour distribuer l’aide. L’agence, connue pour avoir la meilleure affinité historique avec l’administration américaine au sein de l’ONU, est gérée par Cindy McCain, la veuve de l’ancien sénateur et candidat à la présidentielle de 2008 John McCain du parti républicain. Un mois après, le 18 mai, le PAM ramasse son premier chargement sur la côte, mais celui-ci n’atteint jamais ses dépôts à Deir Al-Balah car il est pillé en route par la population.

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