Le jeudi 4 juillet, Corinne M., qui avait travaillé comme contrôleuse pour le SAMU 67, a été jugée coupable et a reçu une sentence de douze mois de prison avec sursis pour ne pas avoir prêté assistance à une personne en danger. L’ancienne régulatrice a reçu une peine plus sévère que celle réclamée par la procureure, qui avait demandé une sentence de dix mois avec sursis. Cette décision met un terme à une enquête longue de six ans et demi.
Le cas de Naomi Musenga, une jeune femme de 22 ans et mère d’une petite fille âgée de 18 mois, a provoqué un grand bouleversement qui a entraîné une réforme de la régulation médicale; devenant obligatoire la formation pour les professionnelles de ce secteur.
Le matin du 29 décembre 2017, Naomi Musenga, avait fait appel au numéro 17 qui l’avait redirigée vers le SAMU. Ni cet appel, ni celui effectué quelques heures plus tard par sa belle-sœur, qui était venue aider Naomi en urgence, n’ont été pris au sérieux. Plusieurs heures après, le danger a finalement été reconnu après une intervention de SOS Médecins. Naomi a été transportée aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg où elle a perdu la vie plus tard dans l’après-midi.
Après le décès de Naomi, sa famille a lutté pour obtenir des réponses, sans succès. C’est seulement quand un enregistrement de la conversation avec le SAMU a fuité en avril 2018 que l’enquête pénale et la requête de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) ont été ouvertes. Avec cette action, l’opératrice a été suspendue et le médecin chargé du SAMU a démissionné.
L’audience de jeudi a présenté la diffusion choquante d’un enregistrement qui a profondément bouleversé la famille et acculé Corinne M. Il capture la voix affaiblie de Mme. Musenga demandant de l’aide et confessant une douleur intense. L’opératrice, visiblement irritée, menace de mettre fin à l’appel, s’abstient d’interroger et répond de manière dédaigneuse à l’affirmation de la jeune femme qu’elle est sur le point de mourir : « Oui, vous allez mourir, comme tout le monde un jour. »
Dans toute la conversation, Corinne M. n’interroge jamais l’appelante sur la nature précise de sa douleur ou de ses symptômes, comme le requiert sa fonction. Sur un ton sarcastique, elle suggère à la femme d’appeler SOS Médecins, ajoutant : « Je ne peux pas le faire à votre place ». Un service qui est pourtant disponible lorsque le patient est trop faible pour le faire.
Cependant, Corinne M. n’a pas été poursuivie pour homicide involontaire. L’enquête a conclu que le délai de prise en charge n’a pas causé le décès, l’état de la victime étant déjà trop critique lors du premier appel, mais elle est accusée de non-assistance à personne en danger, un délit passible de cinq ans de prison et d’une amende de 75 000 euros.
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