Viktor Orban, le premier ministre hongrois, a effectué une visite surprise à Moscou le vendredi 5 juillet pour discuter de la situation en Ukraine avec le président russe, Vladimir Poutine. Se sentant bien préparé pour agir comme médiateur, Orban qui dirige actuellement la présidence tournante de l’Union européenne (UE) a exprimé son assurance. Il a même clamé que la Hongrie est en bonne voie pour devenir le seul pays européen capable de dialoguer avec tous les partis.
Cependant, après trois heures de négociation, son ton a changé. Il a fait remarquer aux journalistes que les points de vue sont fortement divergents, mais a souligné qu’un progrès significatif avait été réalisé et qu’il continuerait dans ce sens. De son côté, Poutine a indiqué que la discussion avait été sincère et constructive, bien que ses demandes n’aient pas changé.
Poutine insiste sur une possible résolution du conflit seulement si l’Ukraine retire ses troupes de son propre territoire. Il demande précisément le « retrait complet de toutes les forces ukrainiennes des républiques populaires de Donetsk et Lougansk et des régions de Zaporijia et Kherson », que son armée ne contrôle pas entièrement. Il exige également le renoncement de l’adhésion à l’OTAN et la levée des sanctions. Cette demande est inacceptable pour Kiev ainsi que pour les Européens qui n’étaient pas informés de la « mission de paix » d’Orban. La proximité de ce dernier avec le dirigeant du Kremlin est mise en avant, sachant qu’il s’agit de son cinquième voyage à Moscou depuis le déclenchement de la guerre en février 2022. Ceci a été jugé comme « irresponsable et déloyal ».
Sa visite, qui a fait beaucoup de bruit en Russie, a provoqué une véritable agitation en Europe. Deux jours après sa rencontre avec Volodymyr Zelensky à Kiev, l’action audacieuse de M. Orban a suscité un choc profond. Sur la plateforme sociale X, les leaders politiques ont critiqué son geste comme étant « imprudent et déloyal », conformément aux propos du premier ministre suédois, Ulf Kristersson.
Sa contretypé estonienne, Kaja Kallas, a considéré que M. Orban « tire abusivement parti de la présidence de l’UE pour propager le désordre. L’UE est unie, elle soutient fermement l’Ukraine et s’oppose à l’agression russe. » « En matière de politique étrangère, le Conseil européen est représenté par [le président du Conseil européen] Charles Michel », a rappelé le chancelier allemand, Olaf Scholz. La position de l’UE est très nette : nous condamnons la guerre agressive de la Russie. L’Ukraine peut s’appuyer sur notre soutien. » Auparavant, jeudi, M. Michel avait déjà évoqué cette ligne directrice avant que la nouvelle du voyage commence à circuler. Seul Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, a reconnu avoir été mis au courant.
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