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« Charmes: Contre l’extrême droite, nouvelle lecture »

Il y a bien des années, l’élection de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle avait souligné un clivage politique entre les centres urbains et les régions périurbaines. A cette période, les zones résidentielles périurbaines étaient particulièrement attirées par le Front National (FN). Avec le temps, le parti, maintenant connu sous le nom de Rassemblement National (RN), a considérablement élargi son influence. Cependant, les cœurs des grandes villes et leurs banlieues restent assez résistants à ce mouvement. Qu’est-ce qui explique cette carte électorale ?

Notons que ce phénomène n’est pas unique à la France, on trouve des situations similaires dans de nombreux pays de même niveau de richesse. De plus, la géographie n’est qu’un des facteurs d’un vote qui est principalement influencé par des changements structurels de l’économie et de la société. Enfin, l’opposition apparente entre les métropoles et le reste de la France cache une grande diversité de situations locales, il faut donc rester prudent lorsqu’on passe des analyses globales à des interprétations locales.

Avec ces prémisses, deux explications principales sont avancées. La première, datant d’auparavant, stipule que le RN reçoit plus de votes de ceux vivant loin des métropoles car ces dernières sont moins confrontées à la diversité. Cette théorie, très populaire dans les années 2000, est toujours bien présente dans les débats publics, même si sa validité a été remise en question par des recherches en géographie sociale. Les conclusions de ces études sont sans équivoque : habiter une maison périurbaine ne signifie pas forcément que l’on vote conservateur ou d’extrême droite.

Des investissements captivés par les métropoles.

A compter du début de la décennie 2010, une nouvelle interprétation a pris de l’ampleur, axée sur les implications de la mondialisation et de la métropolisation. Deux changements majeurs sont particulièrement notables. Le premier est la concentration croissante des cadres et intellectuels dans le centre des grandes cités. Cette population est généralement la plus réfractaire au RN, notamment ceux désignés sous le terme de « bobos ». Parallèlement, les propriétaires récents de la classe moyenne et des classes plus modestes, ouverts aux idées du RN, ont été graduellement déplacés vers les banlieues résidentielles.

Le second changement concerne la concentration des investissements publics dans les grandes villes, avec un accent particulier sous la présidence de Nicolas Sarkozy. La conception prédominante suggérait que seules les métropoles de stature internationale généraient de la richesse, tandis que les autres régions survivent grâce à la redistribution de cette richesse. Cette idée a été accentuée par la révision des dépenses publiques. En dehors des métropoles, de nombreux services comme les maternités, trésoreries, écoles, bureaux de poste ou tribunaux ont été fermés. Même si l’Etat reste omniprésent en France comparé à d’autres nations, la tendance a été à la baisse, contribuant à un sentiment d’abandon, surtout dans les régions déjà affectées par la désindustrialisation.

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