Marc Bonomelli, journaliste indépendant, se consacre à l’étude des nouvelles formes de spiritualité et de manifestations religieuses. Il a récemment publié « Les Nouvelles Routes du soi », un ouvrage où il explore en détail le paysage actuel de la spiritualité en constante évolution. Allant des « néodruides » aux « soul surfers », cette nouvelle quête spirituelle traverse une multitude de domaines, dont la santé, le numérique, le développement personnel, la politique et bien entendu, la religion.
Dans le cadre des nouvelles spiritualités, des pratiques telles que la méditation, le yoga, les thérapies holistiques et le chamanisme sont couramment utilisées pour stimuler la croissance personnelle. Toutefois, ces individus engagés dans cette recherche de soi ou de bien-être ont tendance à s’éloigner de l’activisme ou du militantisme. On peut donc s’interroger : chercher la version la plus authentique de soi-même signifie-t-elle nécessairement abandonner l’idée de transformer la société ?
Selon le sociologue Dick Houtman de l’université de Leuven, les spiritualistes ont du mal à s’engager politiquement. Cette réticence s’explique en grande partie par une raison semblable à celle qui les éloigne de l’adhésion à une religion : ils rejettent les dogmes et les idéologies imposées par une autorité qui leur est extérieure, qu’il s’agisse d’une église ou d’un parti politique. À leurs yeux, aucune doctrine ne surpasse les autres.
Bien que le chercheur en sciences sociales ait souligné que les « SBNR » (acronyme pour spiritual but not religious, qui se traduit par « spirituels mais non religieux ») tendent à partager les valeurs de la « nouvelle gauche » (notamment l’antiracisme, la défense des droits des femmes et des LGBT, le progressisme et une forte sensibilité écologique), il existe une certaine réticence parmi les mouvements militants et les associations politiques alignées sur cette idéologie.
Ces groupes, souvent dominés par une perspective marxiste qui perçoit généralement la spiritualité et la religion comme un opium du peuple, semblent hésitants à engager les milieux spirituels, selon la sociologue Julia Itel, spécialiste des mouvements écospirituels.
La cofondatrice de Extinction Rebellion, un mouvement écologiste citoyen britannique fondé en 2018, Gail Bradbrook, revendique l’utilisation de l’ayahuasca, une boisson fabriquée à partir d’écorces de liane, pour sa quête spirituelle. Ce mouvement ne cache pas ses liens avec l’écospiritualité et n’hésite pas à incorporer des éléments de chamanisme dans son activisme.
Pourtant, cette dichotomie semble être moins prononcée dans le contexte anglophone, où l’identification simultanée en tant que spirituel et politique est plus courante, conclut Itel.
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