Le Rassemblement national (RN), avec Jordan Bardella à sa tête, favorise une politique de « préférence française » pour l’accès aux logements sociaux, dans le but de combattre ce qu’ils percevoient comme une « préférence étrangère ». Selon Bardella, environ un tiers des immigrés, d’après les données de l’Insee, résident dans un logement à loyer modique.
Cependant, Valérie Sala Pala, professeure à l’université Jean-Monnet de Saint-Etienne et experte en politiques urbaines, met en garde contre cette théorie. Selon elle, les recherches scientifiques ont révélé une discrimination ethno-raciale en matière d’accès aux logements, tant privés que sociaux.
Bardella s’appuie sur les données collectées par l’Insee en 2019-2020, indiquant que 35% des immigrés âgés de 18 à 59 ans résident dans un logement social ou intermédiaire, dont une bonne partie a obtenu la nationalité française. La proportion d’immigrants vivant dans des logements sociaux est plus élevée que celle de l’ensemble de la population (35% contre 16%), principalement parce qu’ils postulent plus fortement à ces types de logements. Selon l’« enquête sur l’accès aux droits » de 2016 réalisée par le Défenseur des droits, 46% des immigrants interrogés qui avaient recherché un logement au cours des cinq années précédentes s’étaient tournés vers le logement social, contre seulement 25% de la population totale.
Si tant de personnes posent leur candidature, c’est parce que seulement 32% d’entre elles appartiennent à un foyer qui possède leur propre domicile (contre 53% de la population totale), et parce qu’elles rencontrent davantage de difficultés pour trouver un logement dans le secteur privé, où les loyers sont plus élevés et les discriminations plus présentes. En 2016, une enquête menée par des chercheurs du CNRS a envoyé 25 000 messages à des propriétaires et agences immobilières pour obtenir des informations sur des biens à louer. Les candidats fictifs avaient des profils similaires, à l’exception de leurs noms. Mohamed Chettouh a reçu 26,7% de réponses en moins que Sébastien Petit.
La notion de « discriminations systémiques » est de plus en plus courante. Une autre enquête, réalisée en 2022 pour la Fondation Abbé Pierre et portant sur 1 875 guichets d’inscription pour les demandes de logements sociaux, a révélé qu’une simple demande de renseignements provenant d’une candidate avec un nom suggérant une origine africaine recevait 9,8% de réponses en moins que celle supposée d’origine française. Valérie Sala Para cite aussi une étude de 2012 publiée dans La Revue économique qui démontre que, toutes choses étant égales par ailleurs, l’accès à un logement social prend plus de temps pour les ménages d’origine non européenne que pour ceux d’origine européenne.
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