Cette année, Laurent Vinatier, un Français spécialiste du secteur post-soviétique et employé du Centre pour le dialogue humanitaire (HD) basé en Suisse, passera son été en détention à Moscou. Il se retrouve ainsi pris dans le conflit opposant la Russie à la France. Malgré son appel pour une libération anticipée, la cour de justice russe a refusé sa demande le 4 juillet, moins d’un mois après son arrestation. La décision du tribunal de Zamoskvoretsky, à Moscou, est de le garder en détention provisoire jusqu’au 5 août. Accusé de violation de la loi sur les « agents étrangers » en Russie, Vinatier a reconnu lors d’une audience antérieure ne pas s’être inscrit sur le registre concerné.
Affichant un visage fatigué et la tête rasée depuis sa cellule via un appel vidéo, Vinatier s’est excusé pour son omission, affirmant qu’il ignorait l’existence de cette obligation légale. Cette loi concerne généralement les Russes soupçonnés d’impliquer dans des activités politiques financées par des entités étrangères, mais peut s’appliquer également aux étrangers. En outre, les raisons précises de son arrestation restent floues. En effet, le Comité d’enquête, un organisme judiciaire dépendant directement du Kremlin, a suspecté Vinatier de rassembler des informations sur les activités militaires russes susceptibles de menacer la sécurité de l’État. Interpellé par des policiers masqués à la terrasse d’un café à Moscou le 6 juin, cette accusation rappelle celle d’espionnage, qui est une infraction bien plus sérieuse que celle de non-enregistrement et peut donner lieu à une peine de prison allant jusqu’à vingt ans.
Selon l’article 330.1, le comité d’enquête a des bases floues qui pourraient entraîner des poursuites pour non-enregistrement et collecte d’informations sensibles. Le sous-entendu, divulgué dans une annonce le 3 juillet, la veille de l’audience, était que le Français aurait admis sa culpabilité pour tous ces crimes, faisant abstraction de cette affirmation par ses êtres chers. Il aurait été critiqué pour avoir acquis des documents, ce qui aurait rapproché son affaire de celle d’Evan Gershkovich, 32 ans, correspondant du Wall Street Journal et premier journaliste occidental arrêté pour espionnage en Russie après la fin de la guerre froide. Les autorités sécuritaires russes (FSB, une organisation succédant au KGB) l’accusaient de rassembler des informations sur une société du complexe militaro-industriel russe, un crime punissable d’une peine de prison de 20 ans. Plus de quinze mois après son incarcération et un long processus judiciaire à huis clos qui a commencé le 26 juin, marquée par la confidentialité et aucun élément de preuve divulgué, Gershkovich pourrait être échangé par Washington pour des citoyens russes détenus en Occident. Environ la moitié de l’article reste à lire, uniquement pour les abonnés.
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