Les forces paramilitaires et l’armée soudanaise se sont affrontées dans le sud-est du pays, poussant des individus à tenter de s’échapper par voie maritime. Un groupe pro-démocratie a rapporté, le jeudi 4 juillet, le décès de près de vingt-cinq personnes, notamment des femmes et des enfants, à la suite du naufrage d’un bateau. Selon un communiqué du Comité local de résistance, ces individus traversaient le Nil Bleu dans l’État du Sennar, une région qui connaît des violences depuis plusieurs mois, sans toutefois mentionner la date exacte.
Ce triste événement coïncide avec une avancée notable des forces paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) contre l’armée soudanaise, à la suite d’âpres batailles dans cette vaste région du Soudan depuis fin juin. Le jeudi 4 juillet, les autorités locales de l’État de Gedaref ont estimé à 120 000 le nombre de déplacés arrivés dans ce territoire, voisin du Sennar, relativement préservé des violences. Sur ce nombre, 90 000 ont été officiellement comptabilisés, selon la même source.
Le Bureau des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a indiqué, le lundi 1er juillet, que plus de 55 000 personnes avaient quitté la ville de Sinja, capitale du Sennar, où plus d’un demi-million de personnes avaient trouvé refuge pour fuir la guerre. Deux jours avant cette annonce, les FSR avaient déclaré avoir pris le contrôle d’une base militaire stratégique à Sinja, provoquant une crise humanitaire importante venant stimuler la fuite de nombreux habitants à bord de petites embarcations de bois sur le Nil. La majorité a trouvé refuge à Gedaref, qui est déjà hôte de plus de 600 000 déplacés, selon l’ONU.
Dans un coin éloigné du pays, pendant près de deux mois maintenant, les FSR sont engagés dans une lutte pour assumer le pouvoir de la ville d’El-Fasher, centre administratif de Northern Darfur. Cette agglomération reste la dernière des cinq capitales de Darfur qui reste hors de portée des paramilitaires. Le 3 juillet, les FSR ont attaqué un marché d’El-Fasher, « causant la mort de 15 personnes innocentes et en blessant 29 autres, » a rapporté à l’Agence France-Presse (AFP), le 4 juillet, Ibrahim Khater, directeur général du ministère de la santé de Northern Darfur. Selon un rapport de Médecins sans frontières (MSF) daté du 24 juin, les émeutes à El-Fasher ont entrainé le décès de 260 individus.
A partir d’avril 2023, un conflit militaire a éclaté, mettant aux prises les forces armées, sous le commandement du général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, et les FSR, contrôlés par son ex-subalterne désormais adversaire, le général Mohammed Hamdan Daglo. Ces quatorze mois de guerre au Soudan ont causé la vie de dizaines de milliers de personnes et ont forcé plus de neuf millions de Soudanais à se déplacer. Tous deux ont été reprochés pour crimes de guerre pour avoir visé des civils en particulier et avoir entravé l’assistance humanitaire.