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3 juillet 2024 7 h 09 min

« Inquiétudes Ardennes face aux déserts médicaux »

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« Ah, les soins de santé… Pensez-vous que les politiciens en discutent suffisamment ? Je veux dire, discutent-ils de manière à chercher des solutions, ou simplement pour gagner des votes ? » C’est l’interrogation d’Alain (son vrai nom a été changé, tout comme ceux des autres patients mentionnés), un conducteur de bus récemment retraité. Il est l’un des nombreux patients qui se présentent en ce jeudi de juin à la salle d’attente du centre de consultations médicales et chirurgicales de Rethel, une petite ville d’Ardennes de 7500 habitants, peu avant les élections législatives.

Alain se décrit comme « un patient patient ». Depuis huit ans, il est suivi ici par son pneumologue et a pris l’habitude de prendre son prochain rendez-vous dès la sortie de sa consultation « d’année en année ». Une expérience où il a dû attendre six mois pour consulter un cardiologue situé à une cinquantaine de kilomètres à Charleville-Mézières suite à une « légère alerte » lui a servi de leçon. Aujourd’hui, les problèmes d’accès aux soins de santé touchent à la fois les zones urbaines et rurales. Cependant, cette préoccupation est plus prononcée dans les petites villes et les zones rurales, et constitue un sujet de vote.

Une dizaine de patients sont présents peu avant 10 heures, en attente de leur consultation avec un pneumologue ou un urologue. Tous sont d’accord sur deux points : la « chance » qu’ils ont d’être suivis « près de chez eux », dans un centre où des spécialistes se déplacent chaque semaine depuis Reims, leur évitant ainsi un voyage aller-retour de 80 kilomètres. Et la « peur » que cette situation ne soit que temporaire et que Rethel, comme d’autres communes voisines des Ardennes ou de l’Aisne, devienne à son tour un « désert médical ». Ils dépendent de la volonté de professionnels de la santé.

Alain affirme qu’il attend toujours qu’un homme politique ait le courage de proclamer que la répartition des médecins doit être améliorée partout, notamment en comptant sur les plus récents praticiens. La question de la régulation de l’implantation des médecins a été brièvement évoquée par le président Emmanuel Macron en 2022 lors de sa candidature pour sa réélection, mais il n’y est pas revenu depuis. Le RN aussi garde une certaine distance par rapport à cette proposition tout en souhaitant « encourager » les médecins à s’installer en zone rurale. Seul le Nouveau Front Populaire a intégré ce concept de régulation dans son programme pour les législatives, avec l’idée de l’inclure dans une prochaine « grande loi de santé ». En revanche, c’est l’inverse, c’est-à-dire un volontariat des travailleurs de la santé, qui fait le succès du cabinet médical de Rethel. Plusieurs spécialistes s’y rendent à des intervalles réguliers pour effectuer ce qu’on appelle des « consultations avancées » en dehors de leur zone de travail habituelle. Cet article n’est pas encore terminé, il reste 50.73% à lire réservé aux abonnés.