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3 juillet 2024 13 h 06 min

Inquiétude en Suède face aux antimusulmans

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Une automobile fut stationnée devant la mosquée de Skövde, inaugurée il y a quelques années en 2023, dans la nuit entre mardi 28 et mercredi 29 mai. La mosquée se situe à la périphérie de la cité nichée entre les deux grandes villes suédoises, Göteborg et Stockholm. Un sanglier mort fut jeté contre l’édifice par le conducteur de l’automobile, qui ne savait pas qu’il était filmé par les caméras de surveillance, installées par l’Association islamique bosniaque. « Nous sommes malheureusement habitués à de telles agressions », regrette Mirza Babovic, 66 ans, un membre de cette association. Parmi d’autres incidents, la salle de prière a été la cible de graffiti islamophobes, les débris d’un porc ont été répandus sur le site en construction, et les fenêtres d’un conteneur ont été brisées.

Imam Smajo Sahat, qui a porté l’affaire en justice, a choisi de ne pas rendre public l’incident afin de ne pas faire de publicité à l’auteur de l’acte et de ne pas inspirer d’autres actes similaires. Il ne voulait pas non plus semer l’anxiété parmi ses fidèles. Cependant, des nouvelles de l’incident se sont échappées et ont attiré l’attention des médias locaux qui ont rapidement alerté les médias nationaux. L’Imam Smajo Sahat pense que l’incident a reçu une attention accrue parce qu’il s’est produit peu de temps avant les élections européennes. Il reste bouleversé par l’intensité du discours contre l’Islam et les Musulmans durant la campagne.

À partir de novembre 2023, Jimmie Akesson, un leader du parti d’extrême droite en Suède et membre de la coalition gouvernementale actuelle, a exprimé son désir de démanteler les mosquées, bannir la construction de nouveaux édifices religieux et surveiller étroitement les communautés musulmanes. Son objectif déclaré est de combattre « l’islamisme ». Son principal adjoint, Richard Jomshof, qui préside la commission des affaires juridiques au Parlement, a encore intensifié ces propos, demandant que tous les symboles islamiques soient interdits dans les espaces publics ; une affaire qu’il compare à celle de la croix gammée.

Ces déclarations ont causé un réel choc. Sur les plateformes des médias sociaux, les leaders du parti ont fréquemment critiqué ce qu’ils appellent « l’islamisation de la Suède » et prétendent que les Suédois sont sur le point de devenir une minorité dans leur propre pays. Cette rhétorique, mise de l’avant par Akesson depuis 2009, même avant l’entrée de son parti au Parlement, suggère que les musulmans représentent « la plus grande menace pour la Suède ».

Aujourd’hui, d’autres partis politiques reprennent ce discours. Par exemple, peu avant les élections européennes, Ebba Busch, la leader du parti démocrate-chrétien et Vice-première ministre, a déclaré dans une interview au journal Dagens Nyheter que la Suède est confrontée à « un sérieux problème avec l’expansion de l’islam ». Ellle a affirmé que certains musulmans seraient prêts à « lapider les femmes qui ne se couvrent pas » ou « jeter les homosexuels des toits des immeubles ».