Adam Afana, un enfant de 5 ans blessé dans les conflits et transporté à Beyrouth, symbolise une crise qui risque de traumatiser Gaza pendant de nombreuses années : la tragédie des orphelins et la rupture profonde du réseau familial et social de l’enclave palestinienne. Son père, Mohamed, est décédé de ses blessures quelques jours après le bombardement israélien qui a anéanti la famille Afana. Chérine, sa mère gravement blessée, est actuellement en Égypte.
Il n’y a pas encore de statistiques confirmées à ce stade. Les chiffres estimaux de la société civile palestinienne laissent comprendre que le nombre de jeunes Gazaouis qui ont perdu un ou les deux parents oscille entre 15 000 et 25 000. En février, l’Unicef estimait qu’au moins 17 000 enfants se trouvaient sans accompagnement ou séparés de leurs parents – soit décédés, hospitalisés ou emprisonnés. En avril, une autre agence de l’ONU, ONU Femmes, évaluait que 19 000 enfants étaient orphelins de mère.
Afin de soutenir Adam, blessé à la main gauche et soigné à l’Hôpital américain de Beyrouth grâce à la fondation créée par le chirurgien palestinien-britannique Ghassan Abu Sitta, un oncle survivant, Eid Afana, était présent. Eid était en Égypte, pas à Gaza, lorsque le drame a frappé la famille.
En présence de journalistes, il relate avec émotion le récit de la survie de la famille Afana, vivant dans le camp de Jabaliya dans le nord de Gaza, après une première attaque le 10 octobre. Une deuxième frappe, le 29 octobre, a cependant emporté quelques membres de la famille. La sœur et la grand-mère maternelle d’Adam, ainsi qu’une tante et des cousins, sont décédées immédiatement. Son père a succombé plus tard aux urgences. Adam, risquant une amputation et recevant des soins de fortune dans des hôpitaux gazaouis, a ensuite rejoint son oncle Eid en Égypte en décembre, avant de se rendre à Beyrouth en mai.
L’attaque israélienne en cours à Gaza a causé un tort particulièrement sévère aux mineurs qui constituent 47 % de la population de la région côtière. Selon le ministère de la santé local, géré par le Hamas, au moins 14 000 d’entre eux ont été tués depuis octobre 2023, sur un bilan total d’environ 38 000 morts. D’après Viviane Khalaf du Palestine Children’s Relief Fund, plus de 1 500 ont perdu au moins un membre. Ces chiffres incluent également des dizaines de milliers d’orphelins et d’enfants seuls.
De tels chiffres dépassent de loin ceux des attaques précédentes ayant touché la région : les conflits de 2008-2009 (trois semaines) et de 2014 (50 jours) entre le Hamas et Israël avaient laissé environ 4 000 orphelins de guerre, souligne Tareq Emtairah, directeur de l’organisation palestinienne de développement Taawon, qui a apporté un soutien éducatif à ces mineurs. Au moins vingt d’entre eux ont été tués lors des bombardements en cours, et beaucoup d’autres sont portés disparus.
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