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Nova prête à exploser en Couronne boréale

L’astre T Coronae Borealis, partie intégrante de la constellation de la Couronne boréale, est sur le bord de produire une lumière 1 500 fois plus brillante. Cette surcharge de brillance la rendra observable à l’oeil nu, même dans des conditions de ciel urbain particulièrement lumineux.

Depuis presque 78 ans, l’observation de T Coronae Borealis (T CrB) a nécessité l’usage d’un télescope ou d’une lunette d’astronomie, étant donné sa distance de la Terre (environ 2 600 années-lumière). Cette étoile binaire se distingue par ses variations variables de luminosité, en fonction du mouvement orbital de ses deux composantes qui dure 227,5 jours.

Bien que des dizaines de milliers d’étoiles fluctuantes existent dans notre cosmos, T CrB est spéciale. Elle est classée comme une « nova récurrente », signifiant qu’elle présente des explosions de brillance régulières. Durant ces moments, sa luminosité peut être amplifiée par un facteur de 1 500, ou même davantage. Ce phénomène donne l’impression qu’une nouvelle étoile est apparue à l’oeil nu.

Le phénomène cyclique très rare d’un petit nombre de novæ récurrentes observées dans notre galaxie est lié à la nature des étoiles constitutives de T CrB. Le duo est constitué d’une géante rouge en stade ultime d’évolution et d’une naine blanche, résidu d’une étoile solaire ayant perdu ses enveloppes externes. Ces deux astres gravitent à une très courte distance l’un de l’autre, ce qui permet à la matière du manteau externe de la géante rouge de tomber vers la naine blanche, formant un disque d’accrétion. Périodiquement, cette accumulation de matière crée une pression et une chaleur suffisantes pour déclencher une explosion thermonucléaire violente. Durant cette réaction, une grande partie de l’hydrogène attiré se transforme en hélium, libérant une quantité phénoménale d’énergie et provoquant une courte mais intense poussée de luminosité observable. Le processus d’accumulation reprend ensuite son cours jusqu’à la prochaine déflagration.

Il a été constaté que cette nova est apparue en 1787, 1866 et 1946, indiquant une périodicité d’environ quatre-vingt ans. Cela a donc conduit les astronomes à prédire qu’une nouvelle explosion pourrait avoir lieu vers fin 2025 ou début 2026. Cependant, un suivi intensif de sa luminosité effectué depuis 2015 laisse présager une éruption imminente. En fait, une légère diminution de la luminosité globale de T CrB a été notée tout au long de son cycle en 2023, un phénomène qui s’était également produit un peu plus d’un an avant l’explosion de 1946. A partir de ces observations, les astronomes ont déduit que la prochaine explosion pourrait être visible avant la fin de l’été 2024. Néanmoins, il faut se rappeler que c’est un processus complexe qui se déroule à l’échelle d’un système stellaire et que de minuscules variations dans le taux d’accrétion peuvent entraîner des décalages temporels imprévus.

Je vous invite à observer l’évolution de T CrB, un astre qui a connu deux flambées remarquables survenues le 12 mai 1866 et le 9 février 1946. Ces éruptions thermonucléaires ont été si puissantes que l’astre, généralement invisible à l’œil nu, a brillé autant que l’étoile Polaire ou Alphecca, la plus éclatante des étoiles de la Couronne boréale, également connue sous le nom de Gemma. La visibilité de l’astre suite à ces éruptions a rapidement diminué, limitant l’observation à l’œil nu à environ une semaine. En ville, la pollution lumineuse pourrait réduire encore davantage ce délai. Il serait donc judicieux d’apprendre à localiser le petit demi-cercle d’étoiles de la Couronne boréale et de vérifier régulièrement la présence d’une étoile « intruse ». Ce groupe d’étoiles se trouve à peu près au tiers du chemin entre les étoiles brillantes Arcturus du Bouvier et Véga de la Lyre, visibles à l’ouest du ciel nocturne pendant l’été et l’automne, puis à l’est avant l’aube en fin d’automne et en hiver.

Voici une pensée fascinante à garder en tête lors de vos observations : T CrB est à une distance d’environ 2600 années-lumière de nous. Cela signifie que chaque explosion de cette nova met autant de temps à nous parvenir, créant ainsi l’illusion de plusieurs flashes alignés dans l’espace-temps reliant T CrB à nous, comme une série de perles brillantes destinées à agrémenter temporairement la Couronne boréale.

N’oubliez pas, le ciel de juillet a de belles surprises à vous offrir.

En juillet, le cycle lunaire se présente de la façon suivante : elle est nouvelle le 6 sous le signe des Gémeaux, passe au premier quartier le 14 sous celui de la Vierge, est pleine le 21 sous le Sagittaire et atteint le dernier quartier le 28 sous le Bélier.

Au cours du mois de juillet, l’obscurité nocturne se fait attendre et les observations astronomiques commencent généralement vers minuit. Si la lueur de la Lune est inexistante, la Voie lactée apparaît distinctivement dans les zones éloignées des éclairages urbains. Elle s’étend du côté est du firmament nocturne, avec la constellation de Persée à l’horizon nord-nord-est, celle du Scorpion à l’horizon sud-sud-ouest et le Triangle d’été quasiment suspendu au zénith par sa lumière stellaire, Véga. Alphecca de la Couronne boréale peut être perceptible à l’oeil nu sur le chemin reliant Arcturus à Véga, bien au-dessus de l’horizon sud-ouest. Il est intéressant de noter que les figures du printemps sont toujours visibles en début de soirée, avec le grand losange de l’astérisme du Diamant, combinaison des étoiles Cor Caroli, Arcturus, Spica et Denebola, se couchant à l’horizon ouest. Notre galaxie a une forme qui ressemble à une crêpe pivotante dont l’axe de rotation pointe vers la Chevelure de Bérénice, localisée exactement au milieu du Diamant. Avec une dose de créativité, il est possible d’imaginer la rotation lente de la Voie lactée s’affichant dans le ciel. Le grand carré de Pégase monte de plus en plus tôt au-dessus de l’horizon est, conduisant l’arc d’Andromède, lequel guide jusqu’à Persée si on le suit. Pendant l’été, dans l’hémisphère Nord, l’écliptique est plié vers l’horizon sud et les constellations zodiacales (marquées en orange sur les cartes) sont limitées à la bande la plus chaotique et polluée du ciel nocturne.
Il n’y a pas de réponse sur la possibilité de l’explosion imminente d’une nova dans la Couronne boréale.

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