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« Législatives 2024 : Vᵉ République en inconnu »

Le phénomène d’augmentation du pouvoir de la vague mariniste, observé le dimanche 30 juin, est l’événement clé du premier tour des élections législatives. Que ce soit en termes de nombre de voix (9,4 millions), de candidats élus dès le premier tour (38) ou de circonscriptions où il mène en vue de la seconde manche (222), le Rassemblement national (RN) a enregistré une suite de réalisations sans précédent qui dénote un élargissement de son attrait populaire.

On peut mesurer son progrès à travers toutes les strates socio-économiques et géographiquement sur une grande partie du pays, à l’exception des métropoles et des grandes villes. La méfiance accrue envers les politiques, le refus de l’immigration et l’augmentation des préoccupations en matière de sécurité ont alimenté le RN et, en renonçant à quitter l’euro, il a fini par symboliser, pour un tiers des votants, une chance de changement.

La difficulté de constituer un front républicain efficace face à un parti de l’extrême droite, qui se distingue par son volonté d’établir la préférence nationale, met en évidence la vulnérabilité de ceux qui tentent de résister à cette tendance. La droite recule, le centre chipote en évoquant le spectre de Jean-Luc Mélenchon dont la gauche n’a pas réussi à se défaire. L’émoi et la mobilisation qu’a suscités, le 21 avril 2002, la qualification inattendue de Jean-Marie Le Pen pour le second tour de l’élection présidentielle appartiennent désormais à l’histoire. Il s’agit là d’un travail de sape.

Au lieu de l’éveil attendu, une forme de résignation lâche se dessine, rendue encore plus périlleuse par le fait qu’elle plonge le pays dans une zone d’incertitude massive. Tous les acteurs de la scène politique se trouvent dans une situation tendue, sans qu’aucun ne parvienne à prendre véritablement le contrôle, y compris Marine Le Pen, qui n’est pas certaine à ce stade de gagner une majorité absolue à l’Assemblée nationale le 7 juillet. Le tout s’articule autour d’un afflux de sentiments négatifs, une portion significative de l’électorat se mobilisant dans le but de contrer ce qu’ils craignent le plus, tandis que d’autres cherchent à mettre fin à ce qu’ils ne peuvent plus tolérer.

De tous les acteurs, le président sortant est le plus touché. Son pari risqué de dissoudre le parlement annoncé le 9 juin, suite à l’échec de son parti aux élections européennes, visait à consolider de manière autoritaire le bloc central face à la menace de l’extrême droite, en finissant de démanteler le parti de droite et en séparant les sociaux-démocrates de la gauche radicale. L’opération s’est soldée par un échec retentissant. Elle a entraîné la destruction de la majorité présidentielle qui a été rétrogradée en troisième position, derrière l’élargissement de l’extrême droite et le bloc de gauche qui est resté uni. Le profond mécontentement des ‘barons’ tels que Gabriel Attal, Edouard Philippe, Bruno Le Maire, François Bayrou, Gérald Darmanin, qui continuent de se battre pour le contrôle central mais sans aucune visibilité sur l’avenir, ne fait qu’accentuer le caractère crépusculaire de cette fin de règne, trois ans avant l’échéance de 2027.

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