Des hommes, qui sont progressivement en train de retrouver leur goût à la vie, sont soignés dans un hôpital discret loin du bruit des villes. Ils ont été libérés suite à l’échange de 75 prisonniers de guerre orchestré par Kiev et Moscou le 31 mai. Un autre échange de 90 soldats a eu lieu le 25 juin. Ces hommes ont été témoins d’horreurs sans précédent, d’abord sur le front et ensuite dans les prisons russes.
Le supplice que ces prisonniers ont subi a été mis en lumière par la Mission de Surveillance des Droits de l’Homme en Ukraine (HRMMU) de l’ONU lors de la Journée Internationale de soutien aux victimes de la torture le 26 juin. Selon eux, être prisonnier en Russie est comparable à une descente en enfer. Le rapport de l’HRMMU, qui s’est entretenu avec environ 600 des 3 300 prisonniers de guerre ukrainiens échangés depuis l’invasion russe en 2022, met en évidence des incidents de torture, de brutalité physique, de stress, de décharges électriques sur les organes génitaux et d’attaques de chiens. Les Nations Unies critiquent également le manque constant de nourriture et un manque de soins médicaux appropriés.
Le service de renseignement militaire ukrainien, le HUR, a donné l’autorisation au journal Le Monde de rencontrer d’anciens prisonniers qui sont prêts à partager leur expérience de détention en Russie. La seule contrainte est de ne pas révéler le lieu de la rencontre afin d’éviter qu’il devienne une cible, ni les noms des centres de détention russes pour ne pas mettre en danger ceux qui sont encore détenus. Les témoins partagent leurs expériences librement, sans la présence d’officiers ou médecins à proximité.
« Des passages à tabac systématiques » est le terme qu’ils utilisent pour décrire leurs expériences.
Volodymyr, un soldat de 26 ans de la garde nationale, a été fait prisonnier sur la ligne de front à Marioupol et a passé vingt-six mois en captivité. Il nous décrit son arrivée à la prison comme un « accueil » violent orchestré par les Russes. Dormant sur des matelas sales et humides posés à même le sol, il n’avait pas accès à de l’eau propre, seulement celle du réservoir d’un camion. En tant qu’officier, il a subi un traitement plus dur que les autres détenus, avec les officiers et les volontaires étant les plus mal traités.
De son côté, Roman, âgé de 29 ans, était également un soldat de la garde nationale qui a été pris et détenu pendant vingt-sept mois, capturé lors de l’invasion initiale à la centrale nucléaire de Tchernobyl. Sa captivité a eu lieu dans un édifice datant du XIXe siècle, à l’époque des tsars, caractérisé par le froid et l’humidité. Souffrant de conditions inhumaines, il était forcé de rester debout en permanence. Les gardiens distribuaient des coups à chaque visite, soit deux fois par jour, et lors des interrogatoires.
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