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1 juillet 2024 17 h 09 min

« Russie capture deux villages ukrainiens »

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Jacky Goldberg, Fatoumata Sillah et Cécile Bouanchaud ont contribué à cette diffusion en direct. Nous vous suggérons de lire l’ensemble de nos articles, enquêtes et analyses concernant le conflit en Ukraine sur notre site.

Dans nos reportages, découvrez comment la vie à Lviv change quand les recruteurs de l’armée ukrainienne passent. « Lorsque nous passons, les rues deviennent désertes ». Pour expliquer le sentiment des Ukrainiens : « C’est comme lorsqu’on réalise, après un sprint épuisant, qu’on doit finalement courir un marathon : la guerre ne prendra pas fin de sitôt ».

Même l’ancien ministre russe de la défense et le chef d’état-major sont maintenant poursuivis par la Cour pénale internationale. Tristement, la guerre en Ukraine est passée entre les lignes des discussions électorales pour les législatives 2024. La restructuration problématique de la dette ukrainienne est aussi un sujet sous le radar.

Nous vous proposons également des réponses à vos questions les plus courantes. Notamment, comment les drones sont-ils utilisés par Moscou et Kiev?

Au cours des derniers mois, la guerre des drones entre la Russie et l’Ukraine a atteint une envergure inédite. Un rapport d’un groupe d’experts britanniques de la défense de mai 2023 note que l’Ukraine perd environ 10 000 drones par mois ou plus de 300 par jour sur le champ de bataille. Par comparaison, l’armée française possède légèrement plus de 3 000 de ces appareils non pilotés.

Les UAV (véhicules aériens sans pilote) utilisés par les Russes et Ukrainiens sont souvent des modèles civils à bas coût et disponibles en grande quantité. Ces drones sont principalement utilisés pour la surveillance du champ de bataille ou pour diriger les troupes et les attaques d’artillerie ; certains sont modifiés pour transporter de petites charges explosives qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des véhicules blindés.

Les drones-kamikazes, bien que moins nombreux, jouent un rôle crucial sur le champ de bataille. Equipés d’explosifs, ces véhicules aériens sans pilote (UAV) sont déployés au-delà des lignes de front sans cibles prédéterminées. Des modèles tels que le Lancet-3 russe et le Shahed-136 iranien sont couramment utilisés par Moscou. Du côté de l’Ukraine, en l’absence d’une importante flotte de guerre, des dispositifs maritimes télécommandés, y compris des kayaks chargés d’explosifs, sont utilisés pour défier leur adversaire.

Devant l’importance cruciale des drones dans leurs opérations, les Ukrainiens et les Russes ont pris des dispositions pour maintenir un approvisionnement constant, achetant en grande quantité des drones civils sur le marché tout en développant leur propre capacité de production. L’industrie ukrainienne, qui était au stade initial lors du déclenchement de la guerre du Donbass il y a dix ans, a depuis lors considérablement évolué. Fin août, le ministre ukrainien de la Transformation numérique a annoncé qu’un modèle similaire au drone Lancet russe a été élaboré et sera prochainement mis en service sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

La Russie, cependant, rencontre des difficultés en raison des sanctions occidentales limitant son accès aux composants électroniques. Néanmoins, selon les services de renseignement américains, Moscou aurait débuté la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour la fabrication de drones-kamikazes inspirés du modèle iranien Shahed-136.

En ce qui concerne l’arsenal de missiles russes, il est extrêmement difficile, voire impossible, d’évaluer l’état actuel de leurs stocks. Les services de renseignements ukrainiens fournissent régulièrement des informations à ce sujet, mais leurs estimations sont sujettes à des interrogations.

Selon les déclarations d’Andri Ioussov, représentant de la Direction Générale du Renseignement du Ministère de la Défense (GUR), citées par Liga.net, l’armée russe possédait initialement environ 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le début du conflit. Au commencement de l’année, ce nombre était encore supérieur à 900. En plus de cela, le représentant a ajouté que des milliers de missiles antiaériens S-300, ayant une portée d’environ 120 kilomètres, ainsi qu’une quantité significative de S-400, une version plus moderne avec une portée triplée, sont inclus dans le total. En août, Vadym Skibitsky, sous-directeur du GUR, rapportait le nombre de 585 missiles avec une portée supérieure à 500 kilomètres.

Concernant les capacités de production, elles se sont intensifiées pour atteindre une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois, comme le rapportent certains experts. En octobre, le GUR estimait cette production à 115 unités.

De plus, la Russie aurait acquis des missiles à courte portée en Iran et en Corée du Nord et continuerait à se les procurer. L’agence Reuters, qui cite plusieurs sources iraniennes, affirme que 400 missiles iraniens de type Fateh-110 (avec une portée de 300 à 700 kilomètres) auraient été livrés depuis janvier, moment où un accord aurait été conclu. On ne sait pas combien de missiles nord-coréens la Russie a acquis, mais 24 ont été tirés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, selon le procureur général, Andriy Kostin. Selon les experts ayant étudié les débris et les trajectoires, ils seraient probablement des missiles KN-23 et KN-24 avec une portée d’environ 400 kilomètres.

Qu’en est-il des avions de combat F-16 ?

En août 2023, suite à une requête de longue date du président ukrainien, les États-Unis ont consenti au transfert de chasseurs F-16 à l’Ukraine. Bien qu’il y ait plus de 300 F-16 répartis dans neuf pays européens, dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas, et le Portugal, tous ne sont pas prêts à en abandonner sur-le-champ.

Volodymyr Zelensky a mentionné que l’Ukraine pourrait recevoir jusqu’à 42 F-16 de la part de ses alliés occidentaux, mais ce chiffre n’a pas été vérifié. Le Danemark a promis de céder 19 F-16, dont six seront livrés d’ici fin 2023, suivis de huit en 2024 et cinq en 2025, a indiqué la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Les Pays-Bas, qui ont également promis des avions, possèdent 42 unités mais n’ont pas précisé combien seraient cédées.

Par ailleurs, avant qu’ils puissent utiliser les chasseurs américains, les pilotes ukrainiens doivent recevoir une formation spécifique. Onze pays alliés de l’Ukraine ont promis de former ces pilotes. L’OTAN estime qu’il faudra attendre début 2024 avant que les soldats ukrainiens soient en mesure d’opérer les avions en situation de combat, tandis que d’autres experts tablent sur l’été de la même année. En ce qui concerne l’aide militaire fournie à Kiev, quelle en est la nature exacte de la part des alliés de l’Ukraine ?

Deux ans après le commencement de la guerre de grande envergure, le soutien occidental à Kiev semble ralentir : les nouveaux efforts d’assistance entre août 2023 et janvier 2024 ont diminué par rapport à la même période l’année précédente, d’après le plus récent rapport de l’Institut Kiel publié en février 2024. Il se pourrait que cette tendance continue puisque le Sénat américain a du mal à approuver des aides, avec aussi l’Union européenne (UE) qui a rencontré des difficultés pour faire passer une aide de 50 milliards le 1er février 2024, à cause de l’opposition hongroise. Il faut noter que ces deux aides ne sont pas encore incluses dans le dernier bilan de l’Institut Kiel, qui se termine en janvier 2024.

Les chiffres de l’institut allemand révèlent une diminution du nombre de mécènes, qui tend à se concentrer autour d’un groupe de pays central : les États-Unis, l’Allemagne et les pays du nord et de l’est de l’Europe, qui promettent des aides financières importantes et des armements avancés. Depuis février 2022, les nations soutenant Kiev se sont engagées pour une somme minimale de 276 milliards d’euros pour le soutien militaire, financier et humanitaire.

En termes absolus, les nations les plus fortunées ont été les plus généreuses. Les États-Unis sont les donateurs les plus importants, avec plus de 75 milliards d’euros d’aide promise, dont 46,3 milliards en aide militaire. Les nations de l’Union européenne ont promis des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) en plus des aides collectives provenant des fonds de l’Union européenne (93,25 milliards d’euros), pour un total de 158,1 milliards d’euros.

En évaluant les dons en fonction du produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, la hiérarchie se modifie. Les États-Unis se retrouvent relégués à la vingtième place, fournissant seulement 0,32 % de leur PIB, ce qui est bien en dessous de celui de certains pays limitrophes de l’Ukraine ou d’ex-républiques soviétiques alliées. L’Estonie arrive en tête de liste avec une contribution de 3,55 % de son PIB, suivie du Danemark (2,41 %) et de la Norvège (1,72 %). La Lituanie et la Lettonie viennent compléter le top 5 avec respectivement 1,54 % et 1,15 %. Les trois pays baltes, tous voisins de la Russie ou de son alliée, la Biélorussie, figurent parmi les donateurs les plus généreux depuis le début du conflit.

Pour ce qui est du pourcentage du PIB, la France se positionne à la vingt-septième place, ayant investi 0,07 % de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09 %). L’assistance offerte par Paris a progressivement diminué depuis le début de l’annexion de l’Ukraine par la Russie ; la France occupait la vingt-quatrième place en avril 2023, et la treizième en été 2022.

Quelles informations avons-nous sur les tensions à la frontière ukraino-polonaise ?

Dans le contexte des relations complexes entre l’Ukraine et la Pologne, le transport de céréales ukrainiennes est une source majeure de conflit depuis plusieurs mois. À l’origine, la Commission européenne a lancé en 2022 les « voies de solidarité », dont l’objectif était d’aider l’Ukraine à exporter ses produits agricoles, exempts de douanes, vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Néanmoins, la Fondation Farm, un groupe de réflexion sur les problématiques agricoles mondiales, indique que près de la moitié des céréales ukrainiennes traversent ou terminent leur voyage au sein de l’Union européenne (UE). Ces produits se vendent à un prix bien inférieur à celui du blé cultivé dans l’UE, en particulier dans les pays d’Europe centrale.

Cela a conduit à un sentiment d’inéquité parmi les pays comme la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie, qui estiment que les céréales ukrainiennes déstabilisent leur marché local et nuisent aux revenus de leurs agriculteurs. En avril 2023, ces pays ont donc choisi de bloquer unilatéralement leurs importations. Bruxelles a consenti à cet embargo, à condition qu’il n’entrave pas le transport vers d’autres pays et qu’il n’excède pas quatre mois. Cependant, la Pologne a choisi de maintenir sa frontière fermée aux céréales ukrainiennes au-delà de l’été, malgré les conclusions de Bruxelles selon lesquelles l’embargo n’était plus justifié, car leurs études révélaient qu’il n’y avait plus de perturbation des marchés nationaux des céréales.

Des agriculteurs en Pologne ont mis en place un blocus à la frontière avec l’Ukraine pour empêcher l’entrée des camions ukrainiens sur leur territoire. Les manifestants demandent de mettre en place un « embargo intégral » sur les produits agricoles et alimentaires d’origine ukrainienne. Selon eux, leurs coûts de production ont explosé tandis que les silos et entrepôts sont pleins à craquer et les prix au plus bas. Le président de l’Ukraine a déclaré au début de 2024 que le blocus de la frontière polonaise suggère une érosion de la solidarité envers son pays et a demandé des discussions avec la Pologne. Accusant l’émergence de slogans pro-Poutine, il a également averti que seule la Russie trouverait une satisfaction dans ces tensions.