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« Élections législatives 2024 : l’importance cruciale de l’alliance républicaine »

La menace d’une prise de pouvoir par l’extrême droite est imminente. Ce phénomène, nourri par un mécontentement politique, un refus de l’immigration et une attention croissante à la sécurité, n’est pas unique à la France. Cependant, le pays, qui pensait être mieux défendu que d’autres démocraties grâce à ses valeurs républicaines, ses institutions, et son système électoral à deux tours, se retrouve confronté à un choc majeur. Marine Le Pen, élue dans son bastion d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) avec 58% des voix, s’est démarquée comme la principale victorieuse du premier tour des élections législatives du dimanche 30 juin. En excluant ses alliés de Ciotti, son parti, le Rassemblement national (RN), a obtenu 29,3% des voix, soit 9,4 millions de personnes. Ceci marque une augmentation de 1,3 million de votants comparé au premier tour de l’élection présidentielle de 2022. Ce record ne peut en aucun cas être attribué à la négligence de ceux que l’on appelle « les pêcheurs à la ligne ». Au lieu de se désintéresser des urnes, les électeurs ont, à l’inverse, voté en masse cette fois-ci. La participation élevée, supérieure de 20 points à celle de il y a deux ans, indique la mobilisation de tous les partis, qui fait suite à une dissolution qui restera dans les annales comme l’un des actes les plus irresponsables qu’un président de la République ait pu prendre durant son mandat.

En 2017, Emmanuel Macron prétendait affaiblir l’extrême droite en se présentant comme le représentant d’un bloc progressiste qui émergeait des ruines du Parti socialiste (PS) et des Républicains (LR). Cependant, sept ans plus tard, il semble lui-même avoir facilité l’ascension de RN vers la gouvernance. La « clarification » qu’il a entamée après des élections européennes désastreuses pour le pouvoir en exercice a conduit, dimanche soir, à l’affaiblissement de la présidence, qui est passée de la première à la troisième position, largement distancée par RN et la gauche unie. Cela a entrainé une diminution inégalée de l’autorité présidentielle à un moment crucial de l’histoire française : Macron, désavoué par les Français pour sa manière de gouverner et pour sa politique, a également perdu la maîtrise du parti qu’il a créé, ainsi que le contrôle des personnalités qui prétendent le remplacer dans son camp. Jamais auparavant il n’a semblé aussi seul et critiqué.

La situation est d’autant plus préoccupante qu’il ne reste qu’une semaine pour éviter le pire, c’est-à-dire l’obtention d’une majorité absolu de RN à l’Assemblée nationale. Seul un front républicain fort est encore en mesure de résister à ce parti qui reste toujours dangereux malgré ses tentatives de dissimulation, car ses politiques sont basées sur le principe de préférence nationale, ségrégation qui trie les citoyens selon leurs origines.

Emmanuel Macron a lancé un appel écrit pour « un rassemblement démocrate et républicain massif pour le second tour » en début de soirée, un appel qui s’aligne avec la philosophie du front républicain, alors que le nombre de triangulaires a explosé. Cependant, l’appel n’a pas eu l’impact solennel que les circonstances exigeaient, en raison du poids de l’échec personnel du Président. La gauche, de La France insoumise (LFI) au PS, est restée fidèle à sa lutte historique contre l’extrême droite, en appelant au front républicain.
Malheureusement, l’ancienne majorité présidentielle n’a pas suivi ce mouvement. Le message s’est vu compliqué par le manque de clarté et les nuances excessives. Le premier ministre, Gabriel Attal, a déclaré qu’au second tour « pas une voix ne doit aller au Rassemblement national », tandis qu’Edouard Philippe a ajouté une remarque selon laquelle aucune voix ne doit « être donnée aux candidats du Rassemblement national ni à ceux de La France insoumise », ce qui complique la situation de désistement. François Bayrou a également exprimé sa méfiance envers LFI et s’est prononcé pour une approche au cas par cas. Le parti LR non affilié au RN a été le plus déconcertant, refusant de donner la moindre indication de désistement et de vote, en mettant l’extrême droite et l' »extrême gauche » sur un même pied d’égalité.
Face à la gravité de la situation, ces subtilités ou failles sont inexcusables : elles contribuent à rendre banal le vote en faveur de l’extrême droite alors qu’il reste peu de temps pour tenter de construire un dernier sursaut en mobilisant toutes les valeurs républicaines. Ce dimanche 7 juillet, le pays ne fait pas simplement face à une alternance, il court le risque d’un basculement. Contribuer

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